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Le Road Trip, c’est mon trip !

13 février 2012 - 0 - La Chronique de Rascal

Texte : Rascal

Le Road Trip, c’est mon trip !

Dans son infinie bonté à mon égard, notre oubmèstre vient de me transmettre un DVD de film de varappe, intitulé « Crossing Lines ». Je ne me pencherai pas sur la qualité cinématoraphique de la bête, une chose que je n’avais pas vue depuis « Le Retour des Morts-Vivants 2 », quoique dans ce dernier, il y avait au moins un peu de second degré et quelques dialogues marrants (1) . Dans « Crossing Lines », point. Mais là n’est pas le sujet du jour. Car Crossing Lines reprend, de manière largement aussi laide que d’habitude, un thème légendaire de la varappe à mains nues : le voyage routier, ou « Road Trip ».

Cela nous vient de loin, d’Edlinge tout nu dans son camping-car à Tonio Lamiche autour de l’Europe, en passant par Glowacz « around the world », et ça continue, avec tous ceux qui partent avec des concepts variés, la « sensibilisation des peuples visités à la protection de l’environnement » n’étant pas le moindre.

 


« Stefan Glowacz et Glande Mover partent se promener ensemble ».
Faut avouer que là, les peuples visités ne peuvent être que sensibilisés…

Voyage ou transport ?

Qu’est-ce qu’un trip ? Litterallement, un voyage, et dans notre cas, un voyage au fil des sites d’escalade, généralement sur un temps plutôt long, généralement sur une distance respectable. Je sens déjà venir les posts indignés sur le forum (« Rascal joue sur les mots », etc…), mais tout de même… Quelle est la différence entre le « voyage » et le « transport » ? Si on en croit la longue tradition des voyageurs, de Marco Polo à Nicolas Bouvier, l’intérêt du voyage se situe dans ce qui se passe entre un point A et un point B, en eux-même assez peu importants. Dans le transport, on part de A, on arrive à B. Un voyage, c’est un riche chemin. Un transport, c’est un moyen de joindre des points.

Dans ce cadre, le « bloctrip » s’apparente finalement assez peu à du voyage, mais se résume plutôt à une collection de lieux à visiter, entre lesquels il faut se transporter d’une manière si possible intelligente.

Parmi les solutions disponibles, vous avez le camping-car, avec l’option, comme dans Crossing Lines, de faire un film de camping-car avec des aventures de camping-car (Johnny conduit le camping-car, Tom bronze sur le camping-car, les blondes à forte poitrine aiment le gros moteur du camping-car, …). Il y en a qui aiment. Mais le camping-car n’est pas l’escalade, et un film de camping-car n’est pas un film d’escalade.

Si ce que je souhaite, c’est faire de l’escalade, je peux donc me dire que ce qui compte, c’est la grimpe, et que le transport n’est guère qu’un moyen, qui se doit d’être efficace, agréable, et financièrement optimisé. Chacun est bien entendu libre de choisir ce qu’il veut, mais ça ne fait pas de mal de connaître toutes les conséquences, plus ou moins visibles : financières (plus ou moins cher), temporelles (plus ou moins rapide), environnementales (plus ou moins polluantes), sociales (coût social, nuisances, etc.).

Quand on sait que les transports sont aujourd’hui, entre autres, la première cause d’emission de gazs à effet de serre, et de très loin celle en plus rapide augmentation (+23 % depuis entre 1990 et 2005), ce n’est pas si anodin.


Qui se reconnaît dans la petite voiture ?

Trève de bavardages, du concret !

Bien… la théorie, c’est bien joli, mais la pratique, c’est quand même autre chose. Imaginons donc que, fan de Tonio Lamiche, je souhaite moi aussi parcourir, en un mois, quelques sites européens. On va dire que, partant de Chambéry, je veuille visiter Fontainebleau, puis les Vosges, Magic Wood, le Tessin, et enfin Mescia, et retour à Chambéry, soit un trajet d’environ 2600 km.

Nous allons étudier différentes options, en examinant les paramètres suivants :

• les coûts de location / transport

• les coûts de carburant / autoroute

• les temps de conduite, car il s’agit d’un temps d’une activité plutôt peu intelligente, et où le risque de mortalité est plutôt élevé.

• Les emissions de CO2

 

Je peux choisir l’option Camping Car, et avoir un bilan de ce genre :

• coût de location : environ 3000 €

• coût de pétrole + autoroute : environ 250 € + 100 €

• temps de conduite : environ 30 heures

• emissions de CO2 : environ 650 kg

Notons qu’avec un tarif pareil, j’ai intérêt à avoir le slip bien accroché quand je vais discuter avec mes sponsors…

Prenons une autre option, par exemple le train + location de voiture. Le bilan devient alors :

• coût de train (plein tarif) : environ 400 €

• coût de location de voiture : environ 350 €

• coût en essence : environ 80 €

• temps de conduite : 6 h

• emissions de CO2 : 240 kg

un peu plus extrême, la version vélo + train (cf. la chronique sur Bleau à vélo) :

• coût de train : environ 500 €

• emissions de CO2 : 150 kg

Notons que les options train font apparaître des emissions de CO2 faibles car la France est un pays nucléarisé, ce qui est un autre problème, qu’on discutera une autre fois…

Il faut bien noter que, dans tous ces cas,le service rendu est similaire : on fait autant d’escalade aux mêmes endroits dans le même temps. Ce qui se passe entre les séquences de grimpe est, là foncièrement différent (comme par exemple, squatter en gare de Bâle entre 5 et 7 heures du matin).

Et ailleurs dans le monde ?

Le bilan ci-dessus permet de voir que, si vous avez la foi, la solution train + vélo permet des économies conséquentes sur tous les plans. Mais après tout, le simple fait de passer sur une solutions train + location apporte déjà des avantages certains.Bref, tant que vous pouvez mettre du train quelque part, c’est du benef.

Maintenant, tout le monde n’est pas aussi bien loti que nous avec notre réseau ferré. Les Etats-Unis, par exemple, pays typique du RoadTrip, n’offre pas beaucoup d’alternatives à celui qui souhaite se promener de secteur en secteur. Et si par chance il existe un train, l’expérience s’apparente à un Barcelone-Stockholm en métro…

Prenons un exemple… moi. J’ai fait par deux fois, dans ma jeunesse, un trip de Denver à Hueco Tanks. Alternatives possibles : camping car, ou avion + location, pour des bilans foncièrement équivalents (avion et bagnole, même combat !).


Du musette au Texas, voilà du trip culturel…

Bon, l’option Camping Car a permis de voir d’autres sites sur la route. Mais ce qui me frappe aujourd’hui, c’est le manque d’alternatives, et également le coût environnemental. Les emissions CO2, dans les deux cas, ont été proches de 800 kg. Maintenant que je sais que, pour être durable, chacun a droit à un « crédit » de 2 tonnes / personne / an, ça me fait froid dans le dos. J’ai ainsi cramé un bon quart de mon quota en 10 jours… Mon ignorance de l’époque est-elle une excuse ? A chacun de voir. C’est en tout cas plus confortable quand on ne sait pas… Ce qui est sûr, c’est qu’un choix éclairé aurait impliqué que je pèse l’intérêt des 10 blocs (même très jolis) que j’ai fait en rapport avec le coût induit.

Qu’en conclure ?

Ce qu’on peut en conclure, c’est que même si la solution choisie a un rôle certain, finalement, ce qui coûte, c’est le fait même de faire un trip, le fait même d’accumuler des kilomètres entre des sites, en utilisant le plus souvent un moteur à explosion. Comme on l’a vu, 3000 km et bing, on a cramé un quart de nos « droits à polluer » pour l’année. Ca nous coûte plus ou moins cher à nous, ce qui est sûr, c’est que ca coûte cher au monde !

Les râleux vont me dire : « Des coûts, des coûts… tu nous emmerde, c’est pas 3 petites tonnes de CO2 qui vont faire du mal ». Je peux toujours vous renvoyer à la chronique précédente concernant l’effet de serre, mais je peux aussi ajouter deux choses :

• la tonne de CO2 a aujourd’hui un cours, établi sur une bourse, en rapport avec les engagements de Kyoto. A l’ouverture du marché, il y a quelques années, la tonne valait 7€. elle en vaut aujourd’hui 27 (2). Si vous voulez être clean, vous devez donc à la société, pour vos 3 tonnes supplémentaires 3*27 =81 €. Vous pouvez les payer au GERES, ici…http://www.co2solidaire.org

• La majorité d’entre nous trouvons que Georges Doubleiou est un connard de refuser de signer les accords de Kyoto, qui demandent à l’Europe de réduire ses emissions de 5% par rapport à 1990 en 2012. Question : en ce qui me concerne, moi-même personnellement, aujourd’hui, de combien ais-je diminué mes emissions ? Rappelons que les contributions les plus importantes sont aujourd’hui celles des transports (+23%), et des bâtiments (+5%), et ça, c’est pas des instutions, c’est une somme de comportements individuels. Alors, comment me situe-je par rapport à Doubleiou ? Depuis 90, me suis-je comporté mieux que lui ? Suis-je en droit de donner des leçons ? En ce qui me concerne, moi, Rascal, j’ai découvert récemment que je passais tout juste. Moi qui pensais avoir un comportement modèle, je coup est rude !

La question est evidemment très large, tant notre activité escaladistique est aujourd’hui dépendante du pétrole. Il me semble néanmoins qu’en tant que citoyen informé, on se doit d’estimer à sa juste valeur le poids que représente un trip. De la même manière, il me semble que, lorsque des solutions moins coûteuses (au sens large) et d’une efficacité similaire existent, il n’est pas plus bête de les étudier avec sérieux et impartialité, même si aujourd’hui, les habitudes et les traditions ne vont pas dans ce sens. Quitte à finir par se dire que les sites proches de chez nous ne sont finalement pas si mal, ou à « économiser ses quotas de CO2 » en temps normal (comme on économise nos sous), pour pouvoir les utiliser lorsqu’on veut partir .


Malgré les apparences, ceci est un RocTrip !

 

(1) Retenons en particulier l’inoubliable « Ces choses dehors, elles sont laides, elles sont sales et elles puent, mais moi, elle me font pas peur ».

(2) Il y a une paire de semaine, le cours s’est effondré, pour diverses raisons tenant pour la plupart aux mécanismes boursiers mis en jeu… Vous trouvez ça logique, vous, que l’équilibre du climat vaille deux fois moins cher aujourd’hui qu’en mars ?

(3) Pour ceux qui souhaitent savoir où ils en sont, vous trouverez ici (http://www.defipourlaterre.org/jemengage/climact/ ) un calculateur de vos emissions actuelles… Vous pourrez vous comparer à Doubeliou !!

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Les chichons de Jean-Pierre et Rascal

13 février 2012 - 0 - La Chronique de Rascal

Texte : Rascal

Jean-Pierre et Rascal ont fumé des chichons !!

Etant donné les réactions aussi diverses que variées que nous avons eues suite à la publication de notre essai prospectif « en 2031 », il me semble important de faire suivre juste derrière quelques chose d’un peu moins expérimental. Il est vrai que, vu de loin, l’expérience a pu ressembler à une réunion de jeunes boutonneux ayant découvert l’usage du chichon lors d’une soirée « Donjons & Dragons »… Peut-être cela va-t-il te sembler etonnant, brillant lecteur, mais c’en est assez éloigné (en tous cas, ça le voulait !).

Qu’est-ce qu’une prospective ?

Je me permets donc de re-préciser la démarche, et puis ça me donne l’occasion d’aborder de manière un peu plus fondamentale les sujets autour desquels on tourne, et on tournera encore longtemps (malheureusement…) dans cette chronique. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’avec ce projet « 25 chroniques en 25 ans », nous avons tenté, avec Jean-Pierre, autre chose que de la science-fiction. Il s’agit d’une prospective. Comme c’est un mot étrange, je mets la définition du dictionnaire : « qui concerne le futur tel qu’on peut l’imaginer à partir des données actuelles ».

Nous voilà bien avancés… Somme toute, il s’agit de regarder le monde d’aujourd’hui, et de voir ce qu’on peut en tirer pour demain, le plus délicat dans l’affaire étant le changement d’échelle. Car quand on parle « effet de serre », ou encore « pic de pétrole », on voit à peu près ce que ça veut dire à l’échelle mondiale. Mais quant à dire quelle forme cela prendra dans nos petites vies, il y a un pas. C’est donc en réalisant cet exercices sur quelques thèmes « phares » que j’ai abouti au petit texte que vous avez pu lire, une sorte de vision un peu romancée des quelques points qui suivent. Voilà pour la démarche.

A quoi ça sert, une prospective ?

Quant à l’objectif de la chose, il est assez simple. Jean-Pierre de son côté, moi du mien, en nous basant sur les éléments et tendances visibles aujourd’hui, estimons un résultat auquel on peut s’attendre dans 25 ans en ce qui concerne nos petites vies. Extrapolation personnelle, donc… Mais ce qui est interessant, c’est la suite que l’on donne. Ce résultat nous plait ? Alors allons-y, continuons à pousser gaiement dans le même sens ! Il ne nous plait pas ? A nous de prendre les mesures, à notre échelle, pour qu’au moins, dans 25 ans, nous puissions dire en toute sincérité à notre génération future à nous, pourquoi nous avons choisi ce chemin.

On est évidemment très loins d’avoir inventé le concept par nous-même ! Dans un monde normal, l’outil prospectif devrait être utilisé pour prendre beaucoup de décisions. Si on prend un exemple au hasard…les retraites, tiens. On observe le système actuel, la pyramide des âges, etc. On en conclue que, selon les éléments dont on dispose, si on poursuit comme ça, on a un problème. Normalement, on utilise cette conclusion pour mettre en place des mesures… Pas plus compliqué que ça.

Alors, même si chacun des quatre points qui suivent mérite des piles entières de livres, et que des tas de gens sérieux travaillent très bien dessus, je m’en vais vous les décrire rapidement, en vous laissant méditer ces propos de J.F. Revel dans Le moine et le Philosophe

Bien que les conséquences nuisibles de la pollution, de l’extermination des espèces animales, de la destruction des forêts et des sites naturels soient incontestables et, dans la plupart des cas, incontestés, la mojorité des individus ne réagit pas tant que la situation ne lui devient pas personnellement intolérable. Des mesures sérieuses pour contrecarrer la diminution de la couche d’ozone ne seront probablement mises en vigueur que lorsqu’il ne sera plus possible au citoyen moyen de prendre des bains de soleil (…) Ces effets étaient prévisibles depuis lontemps, mais ils n’avaient pas encore représenté un danger immédiat pour le confort égoïste de chacun.

L’augmentation de l’effet de serre.

Vous en avez sûrement déjà entendu parler, même ceux qui regardent TF1, mais je vous fais un rappel simple : certains gazs présents dans l’atmosphère depuis des siècles, piègent une partie du rayonnement infra-rouge, ce qui permet de maintenir une température permettant l’usage du bikini. Tout cela tournait était plutôt équilibré, et ressemblait environ à ça :


Sans effet de serre, on se les gèlerait ! (extrait du rapport à GIEC / GRID)
Source Hespul

Pendant longtemps, les taux de gazs à effet de serre étaient stables. Mais voilà, les activités humaines, grosso-modo depuis la Révolution Industrielle, ont libéré (et continuent allègrement à le faire) de généreuses quantités de divers gazs sympathiques nommés CO2, CH4 (méthane), CFC (les mêmes que pour le trou dans l’ozone !), etc… augmentant ainsi l’effet de serre, donc la quantité de rayonnement piégé, et donc la température.


On n’avait pas vu ça depuis 400 000 ans (au moins…) (extrait du rapport 2001 du GIEC)
Source Hespul

Il y a 20 ans, on se demandaient encore si c’était réel. Aujourd’hui, la question est plutôt de savoir à combien on va s’arrêter, et il y en a, du monde, pour se le demander : à l’échelle internationale (le GIEC), à l’échelle nationale (la Mission Interministerielle sur l’Effet de Serre), plus un paquet d’associations et d’agences (dont l’ADEME).

On est aujourd’hui à peu près d’accord pour dire qu’on ne pourra pas avoir moins de 2°C d’échauffement à échéance 2100. Et puis ça varie suivant les scénarios, de 2° à 6°C, selon les hypothèses que l’on prend. Voici un échantillon de quelques scénarii prospectifs officiels :


Différents scénarii de réchauffement (source Rapport du GIEC 2001) – aucun d’entre eux ne donne moins de 2°C
Source Hespul

Si vous voulez avoir une idée claire sur la chose, retenez ceci : une montée de 1°C, et le climat remonte de 180 km. 2°C, ça nous fait le climat des Calanques à Lyon. 5°C, ça nous fait Barcelone à Paris…


Nombre de jours de consécutifs sans pluie. A gauche la situation actuelle. A droite une simulation de scénario « tendanciel » (pas de régulation) en 2050 (merci au Réseau Action Climat)

L’autre idée à retenir est la suivante : à combien a-t-on droit, chacun d’entre nous, pour être « dans les clous » ? Là, c’est assez facile : l’étude des cycles en jeu, la connaissance des populations, etc. nous amène assez rapidement à un crédit de 4 tonnes de CO2 par personne et par an.

Si ça vous amuse, l’ADEME vous propose un petit calculateur sur son site.

Mais si vous avez la flemme, voici un ordre d’idée :

• si vous faites 10 000 km dans une petite voiture performante (150 gCO2 / km), vous avez déjà bouffé la moitié de votre crédit. Avec le reste, il faut encore vous nourrir, vous chauffer, vous habiller, etc…

• si vous faites un voyage de 10 000 km en avion, là encore, vous avez bouffé la moitié de votre crédit.

Vous voyez, c’est pas gagné… Malgré tout mon optimisme, je ne pense pas qu’on arrivera à tenir les scénarii les plus optimistes, c’est pourquoi j’ai introduit dans mon essai un réchauffement relativement conséquent, dans lequel seul les Quebecois font encore de la cascade de glace…

Restriction des déplacements.

La hausse du prix de l’essence, et du gaz avec, environ tout le monde en a entendu parlé. Peut-être même, si vous avez tendu l’oreille, avez-vous entendu « c’est structurel », jolie façon de dire « finie la rigolade ». Jusqu’à il y a pas si longtemps, on pouvait sereinement croire que du pétrole, il y en avait à tire-larigot jusqu’à la fin des temps. Sauf que non. Parce que la Terre est un système fini. On peut toujours mégoter pour savoir si les réserves (connues ? Espérées ? Potentielles ?) sont de 15 ou de 40 ans, ou même de 60 ans, ça ne déplace pas beaucoup le problème car dans tous les cas, ceux qui ont des enfants peuvent d’ores et déjà leur apprendre à faire du vélo. Et oui, car les transports, encore aujourd’hui, sont à 98% dépendants du pétrole…

Je vous mets ci-dessous un graphique tiré de l’excellent site www.manicore.com , de Jean-Marc Jancovici :


Comparaison des consommations cumulées, réserves prouvées, et réserves spéculatives en 1970 et 2000, en milliards de tonnes équivalent pétrole, et en supposant les réserves ultimes stables à 2500 milliards de barils, soit 360 milliards de tonnes équivalent pétrole.
Source www.manicore.com

bon, on le comprend bien, on a réussi à pomper en environ 50 ans une petite moitié du stock, et le nombre de voiture est loin d’être en décroissance. Et pour ceux qui accuseraient les chinois, je rappelle que eux, ils ont interdit sur leur territoire les véhicule faisant plus de 6 litres au 100 km…. Ca doit réduire la quantité de 4×4, comme mesure…

Avec tout ça, je me suis permis d’estimer qu’étant donné la raréfaction de la ressource ainsi que son énorme intérêt stratégique, on allait vers une politique de contrôle du type « rationnement », couplée à une forte réglementation sur les usages du pétrole, reservé aux activités essentielles. Cela peut vous paraître extrême, je le conçois…

Des tickets de rationnement, il y en avait chez nous il y a moins de 60 ans, alors que notre économie et notre vie dépendait beaucoup moins du pétrole qu’aujourd’hui… Tiens, l’Autriche vient d’interdire l’installation de chaudières au fioul au 01/01/06…

Vous comprenez bien que dans un monde comme ça, il va falloir trouver d’autre moyens pour aller tâter du caillou que vulgairement brûler du pétrole, de toutes façons hors de prix…

Je me suis aussi autorisé à admettre que des solutions collectives, de celles qu’on peut trouver en Suisse avec les bus des postes (on peut en bus aller faire de la cascade de glace au fond d’une vallée perdue du Valais), pourraient permettre d’atténuer la réduction de mobilité.

En général, on objecte à ce genre de raisonnement un magnifique « on va bien trouver quelque chose » : on se retrouve à parler d’hydrogène assez rapidement. Sauf que l’hydrogène, aucune plante n’en produit, il faut de l’énergie, en général electrique. On aurait bien le nucléaire, mais il y a quelques inconvénients, et les stocks sont également limités. On aurait bien aussi les bio-carburants… Sauf qu’il faut bien les planter quelque part, et on manque vite de place. Et on fait vite le tour du problème, et ca vire rapidement à la « foi » envers le scientifiques. Comme pour les réparations de prises.

Et comme pour les réparations de prises, on a le choix : ou on continue à faire n’importe quoi, et on prie très fort les saints ingénieurs qui vont trouver un truc, c’est sûr. Ou on pense qu’on aimerait bien regarder nos enfants dans les yeux, on branche ses neurones, et on prend la mesure des enjeux.

Réglementation de l’accès à la nature.

Autant les deux sujets précédents faisaient intervenir une bonne partie de physique, autant là, on touche à la politique environnementale et à la manière de gérer le patrimoine naturel. En la matière, le mieux est peut-être de voir ce qui a été fait chez les voisins. La démarche américaine est, à ce titre, relativement exemplaire, aussi parce qu’historiquement l’une des plus anciennes. En effet, nos amis etatsuniens ayant rapidement compris que leur patrimoine naturel était une richesse, ont rapidement mis en place le système des parcs nationaux, dont le but n’était autre que de trouver un équilibre entre une nécessaire préservation et une légitime accessibilité.


Tu payes, tu restes sur les chemins, tu campes là où on te dis, et ça se passera bien pour tout le monde.

On peut voir la fréquentation d’un parc de différentes manières. Ou bien on est enervé dès l’entrée par les gardes, le fait de devoir payer, le fait de rester sur les sentiers balisés, d’être contrôlé, encadré… On peut aussi se dire que le site est une richesse commune, que l’on peut exploiter dans la mesure de la maximisation du bien collectif, que l’on sait bien souvent éloignée de la maximisation des intérêts individuels. En bref, on appellerait ça par chez nous « pollueur-payeur » : tu fréquentes le site, tu le perturbes donc, et tu participes donc à son maintien.

Le système a été décliné à différentes échelles, et si vous allez grimper à Hueco ou a Rifle, vous paierez le forfait pour chaque jour d’utilisation du site.

On est en droit de penser que c’est moins bien que la responsabilisation des gens, l’éducation, etc. De même qu’on peut considérer que les conducteurs de quad sont tous suffisament éduqués pour ne pas sortir des limites du bon sens… De même qu’on peut considérer que l’éducation des conducteurs pourrait suffire à faire chuter la mortalité sur les routes… Il n’empêche que la collectivité, représentée par le legislateur, est en droit d’estimer que la réglementation est le moyen le plus efficace, et celui qui minimise les risques pour tous, afin de garantir le maintien des comportements dans les limites de l’acceptable.

On peut par ailleurs constater que des lois, des décrets et des arrêtés, on en ajoute, on en supprime rarement… Enfin, notre époque est ainsi faite qu’on cherche de plus en plus des responsables, même quand c’est « la faute à pas de chance », induisant du même coup une accumulation de normes, de standards, d’autorisations, laissant ainsi de moins en moins de place à l’interprétation.

C’est pour toutes ces raisons que j’ai introduit dans ma prospective un aspect réglementaire poussé (matériel, accès, etc.).

Retour à des productions locales et durables.

Nous en avons déjà parlé lors d’une précedente chronique fort discutée, l’économie mondialisée et le faible coût des transports ont fait qu’aujourd’hui, une part importante et grandissante de nos biens de consommations, parmis lesquels le matos de grimpe, vient de pays que les Echos appellent « à coûts maitrisés », c’est à dire l’Asie.

Vous avez pu constater que, si Jean-Pierre a supposé que les productions seraient déplacées (Inde, Afrique) du fait de l’augmentation du niveau de vie Chinois, j’ai pour ma part supposé que les hausses de coûts et les raréfactions de ressources primaires allaient induire un renouveau des productions locales, ainsi qu’une diminution de la culture du « c’est cassé, je jette ». Je me base en particulier pour cela sur la notion d’empreinte écologique. Cette méthode, utilisée par le WWF, permet de retranscrire toutes le consommation d’un humain en « surface de terre productive ». Connaissant les surfaces disponibles, on peut alors avancer des estimations comme « si tout le monde faisait comme moi, il faudrait 3 planètes ».


Extrait du rapport « Planête Vivante » du WWF France – 2002

Vous pouvez retenir deux choses :

• aujourd’hui, le français moyen consomme l’équivalent de 3,5 planètes, dont une part importante en transports.. Heureusement pour nous qu’il y a beaucoup de pauvres dans le monde qui nous laissent leur part, mais toujours est-il que tout cela va un peu trop vite. Entre autre, ces 2,5 planètes de plus, elle viennent de loin. Si on les supprime, il nous reste le local.

• nous avons dépassé l’équilibre (1 planète par habitant) dans les années 60 pour les français, et dans les années 80 au niveau mondial, ce qui nous donne une idée de ce à quoi ressemblerait un monde « soutenable ». demandez à vos parent et/ou grands-parents comment c’était, dans les années 60-70, et vous aurez une première approximation des comportements qui nous faudrait réapprendre si on voulait être durables : on réparait ou on jetait ? On prenait le vélo ou la voiture ? On allait chez Carrouf ou au marché ? On prenait l’avion tous les combien ?

C’est pour cela que j’ai introduit, dans ma prospective, une modification des comportements en faveur de comportements plus locaux.

Pour résumer

Evidemment, il reste dans tout cela une large part d’interprétation, il y a une place pour la sensibilité personnelle… Il n’empêche, les phénomènes globaux sont bien réels, la question est de savoir quelle place nous leur laissons dans nos vies, et dans quel sens nous poussons.

C’est pour cela aussi que nous souhaitons revenir tous les ans sur ce texte, car au fur et à mesure que nous avançons, la prospective à 25 ans devient partiellement retrospective, les changements à grande échelle peuvent apparaître, et avoir leur influence sur le local…

Finalement, la seule chose qui risque de ne pas changer, c’est quand on est au pied du caillou et qu’on veut grimper dessus. Pour le reste, autour, on est déjà moins sûrs…

Il y a peu, un ami avançait l’argument suivant : « tout cela, c’est bien joli, j’en suis bien conscient, mais si c’est si grave, j’attend des institutions que les réglementations soient modifiées. En attendant, je ne vois pas pourquoi je refuserais à mon gamin tous les avantages de la vie moderne ». Ca peut se défendre… on peut aussi poser le problème en d’autres termes : dans 25 ans, lorsque le gamin en question demandera quels choix nous avons fait pour le monde que nous lui laissons, aurons-nous la conscience tranquille sur nos choix personnels ?

Lorsque je croise une personne âgée, il m’arrive souvent de me demander quels ont été ses choix dans les années 30-40. Lorsque son voisin de pallier est revenu avec une étoile jaune, a-t-elle suivi sa conscience, ou la réglementation ? Pour beaucoup de gens d’alors, « on ne savait pas ». Nous, nous en savons au moins une partie, et elle n’est pas très drôle.

« Nous devons être le changement que nous voulons voir dans le monde ». C’est pas moi, c’est Gandhi qui l’a dit…

Pour aller plus loin.

Sur l’effet de serre :

« Quel temps ferons-nous » ed. Seuil , Jean Marc Jancovici, l’un des grands spécialistes français du sujet.

www.manicore.com le site du même

Le site du GIEC , émanation de l’ONU sur le sujet. Publie LE rapport de référence tous les 5 ans environs.

Le site de la Mission Interministérielle sur l’Effet de Serre

Le site du Réseau Action Climat

Sur l’energie

Le site du MINEFI : , vous y trouverez en particulier un fasicule de synthèse très bien fait.

Le site de l’ASPO : c’est l’association pour l’étude du Pic de Pétrole

le site des Negawatt : De vrais spécialistes qui font des prospectives plus que sérieuses pour notre survie.

« Si les vrais coûts m’étaient comptés » ed. Ecosociété, par Hortence Michaud-Lalanne. Une très belle comparaison entre l’energivoracité et la boulimie.

« Pétrole Apocalypse », ed. Fayard d’Yves Cochet. Quand un ancien ministre pose très clairement le problème.

Sur la consommation locale

Le site du WWF France : vous y trouverez aussi le rapport Planête Vivante.

Revue S!lence , disponible dans les points de dépôt, et un numéro gratuit à l’essai.

Réseau des AMAP , pour un exemple de réseaux locaux de consommation

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Dans 25 ans? Part 1 (mars 2006)

13 février 2012 - 0 - La Chronique de Rascal

Texte : Rascal et Jean-Pierre Banville

Dans 25 ans par Jean-Pierre

18 MARS 2031

Le monde de la montagne est en deuil. Facile, le monde de la montagne est toujours en deuil! Mais cette fois-ci, c’est l’innocence qui est portée en terre.

L’escalade est un sport olympique. Et nous venons de découvrir les premiers cas de dopage officiel d’athlètes au J.O. La compétition qui attire les foules, c’est l’escalade de vitesse effectuée en parallèle sur des parois d’immeubles de dix ou douze étages, le tout en moulinette. Parcours jumeaux et trois jetés dans les voies comme le ski en bosses. La foule délire aux jetés!

L’escalade est devenue olympique suite aux pressions de nations comme la Chine, l’Inde et le Vietnam ayant des populations jeunes qui demandent des loisirs et des héros. L’escalade étant peu coûteuse et la masse démographique aidant, leurs athlètes dominent le classement.

D’ailleurs, ce sont leurs touristes que l’on voit souvent au pied des falaises européennes. Ils font les classiques en falaise et en montagne avec la plus déconcertante facilité.

La majorité du matériel de montagne est fabriquée en Asie ou dans des états africains pour des entreprises asiatiques. Pas cher…

L’éthique en a pris un coup! Ces nouveaux grimpeurs vivent pour la réussite et considèrent la montagne comme l’ultime terrain de jeu. Un jeu avec peu de règles sinon arriver en haut.

Ils reviennent dans leurs pays et respirent car, en Europe comme en Amérique, les lois environnementales et les pressions gouvernementales ont fermé à la pratique des massifs entiers. La peur des poursuites amène les communes à limiter grandement les accès.

Les SAE nombreuses font des affaires d’or mais on grimpe de moins en moins sur le rocher. Certaines falaises communales exigent des droits d’accès de même que certains sites de bloc. Le bloc est la pratique par excellence : elle répond tout à fait aux besoins des plus jeunes qui désirent une satisfaction immédiate. Le terrain d’aventure n’a jamais repris sa popularité et demeure une pratique marginale.

Il y a bien les voyages dans les massifs des pays de l’Est européen où les restrictions sont moins strictes…

Les glaciers ont disparu et on regarde avec envie les anciennes photos : on fait des hivernales pour se souvenir. L’escalade de glace n’est plus tellement à la mode… certains refuges ferment faute de clients ou se convertissent pour aller chercher une clientèle de randonneurs via-ferratistes.

La marche et la randonnée s’offrent à tous mais il est impossible de sortir hors des sentiers balisés qui ont encore augmenté leurs tarifs. Heureusement, il y a des billets de saison! On rejoint ces sentiers en autobus car l’essence est hors de prix et on n’a pas encore réussi à trouver une énergie alternative. Ce qui favorise les clubs locaux assez dynamiques pour organiser des sorties hebdomadaires.

Le vieillissement de la population se fait sentir. Il faut travailler plus pour moins d’argent et les voyages à l’étranger exigent un investissement majeur , les salaires n’ayant pas suivi le coût de la vie. On se contente de son jardin secret. Sans doute que quelqu’un se décidera à trouver une façon de nettoyer la patine du calcaire car les voies classiques sont maintenant lisses et le développement de nouvelles voies demande un permis, même en montagne. Certains se tannent et usent du marteau pour réhabiliter des classiques.

L’été, il fait torride, et on se prélasse dans la piscine municipale : il y a de petits blocs artificiels dans les cours d’école, pour la pratique, mais il fait tellement chaud! On les a construit quand l’obésité est devenue une épidémie.

Pour la forme, on en est revenu aux expéditions nationales ou fortement commanditées et on s’en sert pour relever le moral de la population fortement touchée par un chômage élevé suite à la délocalisation des entreprises. Il n’y a que peu de nouveaux objectifs valables donc on fait des courses multiples autour d’un camp central dans des destinations exotiques.

Les vêtements d’alpinisme incorporent de l’électronique mais le coton fait encore le plus bel effet en falaise. Et dans les petites compétitions locales en SAE! On a banni, dans ces compétitions, l’enduit PVC en aérosol à vaporiser sur la semelle des chaussons pour les rendre collant le temps d’une ascension. Même chose pour vaporiser le produit sur les mains…interdiction totale!

Il n’y a qu’une fédération de montagne en France et elle est supervisée par l’Etat. Elle vit sur sa gloire passée en alpinisme et s’est diversifiée pour conserver ses adhérents et travaille son image grâce aux J.O. et à son implication dans les milieux défavorisés.

Il y a quelques magazines français qui abordent la Montagne en totalité. Mais ils sont sur le web… il y a bien un gratuit qui parait papier aux trimestres…et on voit en librairie une pléthore de biographies d’anciens grimpeurs de la première vague du libre.

Certains grimpeurs bravent les interdits. Font à leur tête. Perpétuent le mythe de la liberté totale et de la solidarité de la cordée. Ils se cachent pour équiper de petites couennes ou pour grimper des versants hors des sentiers battus. Ils sont sans doute vieux car les jeunes n’ont plus le temps pour une passion active.

J’espère que je suis encore un de ceux-là et que les miens sont à mes cotés.

Que mes amis et moi ouvrirons ce soir, en ce vingt cinquième anniversaire, une bouteille de rouge et que nous serons, encore une fois, jeunes et heureux!

Une passion, une vie.

La montagne est éternelle.

Dans 25 ans par Rascal !

18 Mars 2031.

Plus que deux mois avant les prochaines vacances, et pouvoir enfin revoir la montagne, la grande. Ca passera sûrement vite, il fait déjà plus de 20° depuis deux jours. Ce week-end, on va s’offrir un petit plaisir, de ceux qu’on peut encore se permettre quand on habite à moins de dix kilomètres d’un site : une sortie en falaise « dans l’intimité ».

En à peine une heure de vélo, nous y voilà, malgré le peu d’entretien de la route, il est vrai peu usitée depuis que les quotas de transports individuels ont été mis en place, il y a dix ans. Partis tôt, nous avons encore la falaise pour nous seuls, le premier bus n’arrive que vers neuf heures. Vélo ou bus, c’est tout ce qu’il nous reste pour aller voir le vrai rocher, les quelques rares privilégiés à avoir un véhicule individuel ne s’en servent plus pour de tels enfantillages. Dix euros dans le tronc à l’entrée du site nous garantissent la tranquillité lors du passage du contrôleur, et nous voilà partis.

Evidemment, entre 9 et 17 heures, il y a du monde, trop…même aux toilettes au bout du site, il faut prendre son tour. Mais ça se presse surtout sur les moulinettes permanentes. Tout le reste, faute de rééquipement et d’installations aux normes, rebute pas mal la majorité des grimpeurs, émigrés des 5 salles de Chambéry. Et de toutes façons, tous n’ont pas leur permis de grimper en tête, gare à eux si le gardien du site les chope.

Ce qui est étrange, lorsque je regarde tous ces grimpeurs et que je repense à ce que nous rêvions comme futur, il y a 30 ans, lorsque j’étais sensé créer du matos, c’est à quel point rien n’a changé. De corde de 5 mm, de baudriers / sièges, de gestionnaires électroniques d’efforts, aucun… Les visages, les rires sont les mêmes, malgré la difficulté à se procurer du matériel. Les cordes en fibres naturelles (le pétrole est réservée à l’armée, a la pharmacie et aux urgences), les chaussons aux semelles maintes fois recollées, les vêtements locaux, c’est là que réside la différence, dans ce savoir retrouvé de faire avec ce qu’on a, et de le faire durer autant que l’on pourra.

Vers 17 heures, après le dernier bus, la falaise retrouve son calme. Seuls les quelques bivouaqueurs se retrouvent entre eux, pour partager ces instants intemporels où la Lune se lève sur le lac. Autour d’un feu de camp, on parle un peu des dernières compétitions, en se moquant un peu, le dernier Champion d’Europe venu ici n’avait pas son permis pour grimper en tête… Certains se rappellent qu’il y a quelques années, avec un peu de chance, on trouvait encore des cascades en mars. Mais des cascades, il n’y en guère plus que dans les contrées éloignées de Jean-Pierre… Et puis on parle des projets…

Quand j’étais jeune, je lisais dans les livres de Terray ou de Desmaison ces histoires d’alpinistes tournant et retournant leurs projets alpins des mois durant. Moi, j’anticipais le vendredi pour le samedi… Mais nous y re-voilà, au temps des projets lentement mûris… Le commun des mortels n’a plus les moyens de se payer une remontée mécanique à Chamonix, alors ça nous fait le Mont-Blanc à cinq jours de marche, et plus personne ne monte à l’Envers des Aiguilles pour moins de 3 jours, en louant un âne à Chamonix pour monter le matos. Moi qui trouvais ça exotique dans ma jeunesse, au Pérou !

Quelque part, je m’en réjouis, la montagne, les falaises, même les sites de blocs (Targassonne n’est desservi par un bus que les week-end) ont retrouvé une part de leur véritable dimension sauvage. Bien sûr, ils sont plus rares, ceux qui s’aventurent à plus d’une heure des grandes lignes. Beaucoup de ceux qui grimpent dans les nombreuses salles (parmi lesquelles on trouve de tout, du sombre gourbi à la reconstitution grand luxe) préfèrent les voyages organisés pour découvrir les sites dont l’accès est restreint, rebutés par la logistique nécessaire à un trip dans le Verdon ou à Saint-Léger. L’escalade, l’alpinisme, déjà au temps de Mummery, étaient réservée aux privilégiés, en s’ouvrant toutefois à ceux dont la passion pouvait forcer toutes les résistances.

Aujourd’hui comme en 2006, savourer le grain d’un granit chauffé de soleil dans notre monde de rationnement énergétique, de guerres de ressources et d’inégalités centenaires est un luxe d’une cristalline simplicité. Et ce luxe étant redevenu inaccessibles à beaucoup, les lieux ont retrouvé de leur virginité. Je ne suis pas loin de penser que la Grande Décroissance qui nous est tombée dessus il y a quinze ans, loin d’être une régression, est ce qui nous a sauvé, et nous a permis de pouvoir encore aujourd’hui, rigoler d’un vol qu’on s’est pris alors qu’on pensait que c’était gagné

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Dans 25 ans? Introduction

13 février 2012 - 0 - La Chronique de Rascal

Texte : Rascal et Jean-Pierre Banville

Introduction par Rascal

C’est une chronique un peu particulière que Zebloc vous livre aujourd’hui. Car figurez-vous qu’après quelques mois de considérations parfois fort discutées (le forum en a subi une attaque, c’est pour dire !) sur les grimpeurs et leur rapport à l’environnement, Jean-Pierre Banville, célèbre chroniqueur grimpesque, m’a proposé de nous livrer ensemble à une expérience… Un peu comme on refait parfois le monde, posés à une terrasse, les doigts encore blancs de la cake de la journée serrant un demi bien frais, il m’a demandé une photo de la grimpe et de la montagne en 2031, dans 25 ans. Sans nous concerter au préalable, chacun de nous a ainsi brossé un apperçu de ce qui nous a semblé un avenir possible pour cette part de notre vie. Ce sont ces deux textes que vous trouverez aujourd’hui, et que vous pourrez aussi croiser chez différents partenaires du projet.

Il s’agit bien d’un projet, car là où l’idée de Jean-Pierre touche au grandiose (ne chipotons pas, on est entre nous), c’est que nous nous engageons, pour les 25 « 18 mars » prochains (le fils de Jean-Pierre est né un 18 mars) à revenir sur ces textes, à vérifier à quel point notre cheminement nous en rapproche ou nous en éloigne, et à quel point d’éventuelles prises de consciences ou d’autres facteurs peuvent infléchir le cours de l’histoire. Vous en prenez pour 25 ans de « Rascal et Jean-Pierre dans l’avenir » ! Il y en a que la simple idée fera frissonner…

Voila, nous vous livrons donc aujourd’hui la première de 25 chroniques annuelles, en souhaitant qu’en 2031, nous puissions toujours refaire le monde avec les doigts blancs et des envies de rocher plein la tête…

Introduction par Jean-Pierre

Une Longue Marche de plus dimanche dernier et Mao n’était pas là pour nous servir de Grand Timonier. Heureusement, car fêlés comme nous le sommes, nous serions maintenant en camp de rééducation…

Tous ces pas pour un petit pilier vierge d’une dizaine de mètres, un aggloméré de flûtes qui faisait tellement peur à voir que nous avons décidé de poser une moulinette. Ce qui est heureux : Dany s’est élancé avec sa vigueur habituelle et sa légèreté naturelle… au milieu du pilier, sous l’effet d’un coup de piolet, le bloc de glace fend totalement sur sa largeur et la partie du bas baisse de quelques centimètres.

Il s’est tourné vers moi.

-« Tu veux l’essayer, le pilier? »

Ben voyons! Mon poids cause des irrégularités gravitationnelles alors si je grimpe ce bout de froidure, il va me tomber dans la face. La quelque dizaine de tonnes au complet…

Je me suis consolé sur une coulée toute proche puis nous sommes redescendu vers le véhicule, notre sherpani d’office portant de bonne grâce tout notre matériel.

L’histoire se répète pourtant : une de mes lames est endommagée suite à un coup dans une glace trop mince. Le matériel de glace, c’est toujours brisé! Et on paie pour la revivre, l’histoire…

En toute honnêteté, je ne crois pas que l’histoire se répète. Je peux croire que la nature humaine est excitée par les mêmes stimuli, bons ou mauvais; je peux croire que les mêmes causes donnent en général les mêmes effets; j’arrive à croire à l’aléatoire comme je peux croire à notre ultime pouvoir de décision.

Et si l’histoire ne se répète pas, pouvons-nous la prédire? Avec plus de précision que la météo? Que les avalanches? La futurologie comme science exacte? Et si on essayait de prédire l’avenir du petit monde de la Montagne? Disons pour les prochaines 25 années… comme j’ai de la misère à prédire ce que je vais manger demain soir, je ne devrais pas me tromper tellement plus en 25 ans!

Bon: disons que je couche sur papier mes prédictions. Je demande à un observateur impartial de faire la même chose, un chroniqueur, tout aussi fêlé que moi, qui incarnera la jeunesse. D’accord… difficile de trouver un impartial donc on va en prendre un partial. Embrigadons ce jeune Rascal qui réussit à faire grincer bien des dents et des dentiers: personne ne va croire que nous pouvons être sur la même longueur d’onde! Puis, à chaque année, le 18 mars, on va ressortir le texte et le confronter aux évènements le temps de six cent mots d’analyse. On y ajoutera les décès, les premières marquantes, les fermetures et les controverses. Durant vingt cinq ans… et oui : aux grands regrets de mes détracteurs, je compte bien grimper durant les prochains vingt cinq ans.

Projet de longue haleine car nous vivons dans un immédiat continuel alimenté par la presse et le vide de la mémoire collective. Car notre milieu se renouvelle plus souvent qu’un étalage de boulangerie et il est difficile de trouver, au pied des voies ou au refuge, un individu ayant un quelconque souvenir de Bardonnechia, de Gary Hemmings, du compresseur en haut de sa montagne, de monsieur Pierre Allain. Car nous pensons toujours avoir tout inventé, être les premiers à vivre cette passion dévorante…

Vingt cinq années de chroniques additionnées des faits marquants de ces 25 années qui vont former l’état des lieux et l’ultime vérification de mes prédictions. Une première en littérature de montagne. A moins que Rascal ait raison…

A dans vingt cinq ans… Deus lo voult!

La suite ICI

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Le matos de bloc est-il équitable?

13 février 2012 - 0 - La Chronique de Rascal

Texte : Rascal

2006

Et une nouvelle année, une !!! Un tantinet en retard, je me permets de vous la souhaiter longue et bonne. Oserais-je vous la souhaiter également citoyenne et responsable ? Après tout, on a pris l’habitude de prendre en cette période des résolutions pour soi, pourquoi pas en prendre sur ses relations entre soi et le monde ?

Et pour bien commencer l’année, je vous propose quelques réflexions, forcément partielles vu l’étendue et la complexité du sujet, sur l’économie liée à notre matériel. En route !

Le matos de Bloc est-il équitable ?

Vous connaissez Max Havelaar ? C’est un type qui met son nom sur des bananes et des paquets de café, vous garantissant ainsi en théorie que le produit est «équitable », c’est-à-dire entre autres (je cite le site), qu’il assure « une juste rémunération du travail des producteurs et artisans », qu’il « garantit le respect des droits fondamentaux des personnes » et « favorise la protection de l’environnement ». Et vous ressentez alors en buvant votre café un doux sentiment de justice sociale : vous aidez à nourrir les pauvres paysans, les actionnaires des cafés industriels « El Gringo » peuvent bien crever, bref, vous avez rendu le monde un peu meilleur. Versons une larme, nous réfléchirons une autre fois à la réalité de la chose.

Bien bien, mais en quoi cela nous concerne-t-il, vous entends-je déjà ronchonner ?J’y viens, impatient lecteur…

Tout le monde s’y met !

Le phénomène « équitable » se généralise, nos députés carburent aujourd’hui au café « Max Havelaar »sur les bancs de l’assemblée. Ca permet de discuter du logement social un peu plus sereinement. Plus proche de nous, un fabricant de fringues de varappe qui n’a peur de rien s’y est mis en proposant des t-shirts en coton « équitable ».

Mais pour nous, bloqueurs dans notre petit monde, la réflexion est délicate : point de petit tampon vert sur nos pads, peu de slips en chanvre tressé dans le Vercors, et surtout, une ignorance quasi-totale : quand je lâche 100 euros chez un revendeur, je paye quoi ? Combien pour la caissière ? Combien pour la mousse du pad ? Tout le monde a-t-il bien reçu une « juste rémunération de son travail » ?

Tout cela, nous l’ignorons en général, et pourtant les citoyens responsables que nous sommes devraient, en toute connaissance de cause, savoir de qui ils remplissent les poches de leurs euros. Si vous avez vu l’excellent film « le cauchemar de Darwin », vous savez qu’on peut ainsi financer l’armement en Tanzanie en mangeant des filets de perche vendus par le poissonnier du coin…

Pour répondre à ces délicates question, nous nous sommes déguisés en musaraigne des villes, et nous sommes cachés quelques temps dans les bureaux d’études… Suivez le guide !

Avertissement : tout ce qui suit est évidemment virtuel, ça ne se passe pas du tout comme ça, et les chiffres annoncés sont complètement irréalistes… bien sûr !

Votre mission, si vous l’acceptez…

Nous sommes dans l’entreprise « Cordes S.A. ». Chez Cordes, on fabrique des cordes, on pense cordes, et on mange des spaghettis à midi. Mais voila, la corde, c’est bien joli, mais les jeunes grimpeurs cools de maintenant, ils font du bloc, et nous, chez Cordes, on va passer pour des ringards si on ne peut rien leur vendre… Tiens, des crash pads, par exemple, ce serait bien… en plus, un bon gros logo sur un pad, ça se voit mieux que sur une corde.

Seulement, ça pose un problème : ici, on sait fabriquer des cordes, et un crash pad, c’est de la mousse dans un sac cousu… Pas moyen d’en faire dans une fabrique de cordes… Heureusement qu’il y a déjà des gens, dans le monde qui en fabriquent déjà, des crash pads. Notre chef des achats, il en a repéré trois. Hop, on prend contact, et M. Li, de Pékin, veut bien nous faire son crash pad modèle X2 (le même qu’il fabrique déjà pour notre ami Mousquetons S.A.) en changeant quelques trucs. Le premier pas est fait, discutons $…

Le plus simple en la matière est de partir de ce que je veux faire payer à la fin. Une rapide étude de marché me montre que, en magasin, le crash pad Kord (c’est plus cool comme nom de projet…) doit coûter 150 euros. Là-dessus, je sais que le détaillant doit faire sa marge, disons 50%. Ce qui veut dire que je vais lui vendre le Kord à 75 euros.

Là dedans, je dois tout de même sortir quelques euros pour payer mes frais de structure (locaux, salaires,etc.), toute ma promo (la pub, les évènements, le sponsoring, les autocollants « gratuits », etc.). Pour être tranquille, on va compter 30%. Et puis il faut bien vivre, et les actionnaires aussi, je mets donc une marge. Un peu de calculette, et je vois que je vais devoir acquérir le pad pour 45 euros, soit environ 55 $.


Photo de la première chaussure de sport trouvée dans une armoire…

Après force discussions (j’ai attaqué à 40$), Mr Li me fait une proposition pour 52$, avec la répartition suivante :

• Matières :

• Mousses : 16 $

• Tissus : 9$

• Divers (boucles, sangles) : 4$

• Travail : 8$

• Marge M. Li : 11 $

• Transport : 4$

Retour à la base !

Quittons notre costume de musaraigne, nous en avons assez vu, et enfilons notre cerveau d’honnête homme (ou femme) pour bien regarder ce qui se passe.

N’oublions pas, pour commencer, que le cas choisi est évidemment caricatural (à quel point ?) : les marques ajoutent plus ou moins de créativité dans le produit, choisissent un plus ou moins gros fabricant plus ou moins honnête, évidemment…Mais vous êtes trop raffinés pour tomber dans le piège. Je peux tout de même vous garantir que l’extrême décrit ici existe en vrai. Ca devrait suffire…

J’entre dans le magasin, prends le crash-pad Kord (je savais que je voulais celui-là, mes potes m’ont conseillé), signe un chèque et pars grimper.

Sur mes 150 euros, voici la part qui revient à chaque intervenant :

  • Détaillant : 50 % soit 75 euros
  • Cordes S.A. : 20% soit 30 euros
  • Dont frais 25 euros et actionnaires 5 euros
  • Matières : 16 % soit 24 euros
  • Marge Mr Li: 6 % soit 9 euros
  • Travail M.Li : 4.5% soit 7 euros (dont environ 1.5 euros de salaires)
  • Transport 3.5% soit 5 euros
  • Que pouvons-nous conclure de cet intéressant petit calcul ?

    Commençons simple : pour 75 euros, vous avez le droit de penser que le détaillant vous doit au moins l’amabilité, voire un conseil pertinent.

    Un peu plus compliqué : on voit tout l’intérêt, du point de vue du consommateur, des filières courtes, vu que chaque intermédiaire fait quasiment doubler le prix ! C’est pourquoi votre Pad, qui vaut 40 euros à la descente du bateau, vaut 150 euros une fois dans le magasin. Accordons également une petite pensée au fait que la TVA de chaque transaction se retrouve en bout de chaine.

    Plus concrètement, si j’estime que l’argent déboursé pour mon pad doit servir à payer principalement les gens qui y ont travaillé, je dois chercher en priorité les gens qui fabriquent eux même, et non ceux qui achètent pour revendre.

    Dans notre exemple, si M. Li vend directement son pad au détaillant, le prix tombe de 20% au moins, et le produit n’a pas changé (1) !

    De même, si je trouve un petit fabricant à deux rues de chez moi, et même s’il vend son pad ou ses chaussons au même prix, je sais au moins que dans mon argent, tout est pour lui ! Le cas des « Marques de Distributeurs », particulièrement important en France, on le laisse pour l’instant, on en parlera si ça vous amuse.

    La marque, une garantie de qualité !

    Ce qui nous amène directement a réfléchir au rôle et à l’importance de la marque.

    Nous l’avons vu, Cordes S.A. a eu pour principale mission de changer les logos et quelques accessoires, le produit existant déjà à plus de 90% dans la gamme de M. Li. Vous pensiez bénéficier de tout le savoir-faire ancestral de l’entreprise Cordes ? Sa qualité, son innovation, etc ? Vous avez seulement raison à 10%… Finalement, vous auriez aussi bien pu acheter le crash pad de chez Mousquetons S.A., vu que c’est le même.

    Chez un fabricant tel que Cordes, on peut donc considérer qu’il y a deux catégories de produits :

    • ceux qu’il fabrique lui-même : c’est en général son « cœur de métier », ce qui a fait sa réputation, et là où réside son vrai savoir-faire : les cordes chez Cordes S.A., la ferraille chez Mousquif, etc.

    • ceux qu’il conçoit plus ou moins, et achète, de préférence en Europe de l’Est ou en Asie, là où la main d’œuvre est moins chère : c’est tout le reste : les vestes en peau de Zébu de chez Shoes, les pads de chez Cordes S.A., les sangles chez Mousquif, etc.

    Bien sûr, chez Cordes c’est 10% de créativité dans ce cas, il y en a heureusement qui en mettent plus. Il faut tout de même bien se souvenir qu’aujourd’hui, une bonne partie des savoir-faire on quasi-disparu en France (matières, techniques, etc.), ce qui oblige bien à sous-traiter une partie de la conception, du moins tant qu’on reste dans le schéma « classique ».

    Vous pouvez bien entendu être tout à fait certains que M. Li, pour fabriquer ses pads, a monté un système d’achat (le tissu, les zips, les boucles, etc…) parfaitement équitable et socialement responsable, et que l’acheteur de chez Cordes, qui a huit fournisseurs partout dans le monde, connaît et contrôle parfaitement la provenance de tout ça ! Il peut donc tranquillement se moquer d’Adidas qui a fait coudre ses ballons de coupe du Monde par des ouvriers un peu jeunes et un peu trop mal payés…


    Je sors mon appareil photo de sa sacoche et je n’ai pas à aller loin pour trouver ce type d’étiquette : c’est celle de la sacoche!

    Alors, c’est équitable, ou pas ?

    Faisons un bilan désordonné de ce que nous avons vu, et essayons de voir dans quelle mesure nous avons observé une « juste rémunération du travail des producteurs et artisans » et une « favorisation de la protection de l’environnement », la qualité du produit n’intervenant pas (un café est équitable ou pas, c’est un autre problème de savoir s’il est bon) :

    • Vous avez acheté un crash pad d’une petite marque bretonne basée à Ploumanac’h, vous pensiez soutenir une PME française qui se bouge pour changer le milieu chez nous, et vous vous retrouvez à financer un système complètement international. Il n’y a guère qu’une toute petite étiquette « Made in China » planquée dans votre pad pour en témoigner.

    • Vous avez librement injecté 40 de vos euros dans l’économie d’un pays pas spécialement réputé pour sa politique des droits de l’homme, et se construisant tellement vite et mal que l’équilibre mondial des ressources en est perturbé (pétrole, acier, etc.…). Ce n’est pas forcément mal ou bien, la vraie question est de savoir si VOUS trouvez ça bien, et si vous trouvez que l’acquisition de votre crash pad Kord en vaut la peine. Vous pourrez toujours me répondre que quand on vend 150 Airbus, on ne se pose pas toutes ces questions, et vous avez bien raison… Vous pouvez aussi réfléchir au fait que votre voisine, qui travaillait depuis 15 ans chez un couturier industriel a été licenciée pour cause de délocalisation des activités… il y a de ces coïncidences…

    • Vous avez réparti vos 150 euros entre les gens suivants : le détaillant (75 euros), le personnel de Cordes (25 euros), les actionnaires de Cordes (5 euros) , Mr. Li (9 euros), et le personnel de Mr Li (7 euros). Pour les salaires chinois, il convient de tout ramener sur une même base, ce qu’on fait en remarquant que le PIB par habitant (même si la mesure de la richesse par le PIB est un sport d’économiste) est environ 22 fois supérieur en France. On voit alors que Mr Li est de loin celui qui vit le mieux . En revanche, on trouve que, relativement, l’ouvrier qui a fabriqué le pad touche environ deux fois moins que le détaillant qui me le revend. Est-ce une juste rémunération du travail ? A voir…

    • Vous avez payé 5 euros le transport motorisé du pad sur plus de 10000 Km, du fait de la faible taxation des carburants, et fait tourner une industrie asiatique ramant à tours de bras vers un désastre écologique majeur et dont les normes environnementales qui, quand elles sont respectées, font rire jaune (sans mauvais jeu de mot…). Rappelons que le pad est réalisé en mousse et textiles synthétique, deux produits de l’industrie chimique pétrolière. Est-ce bien ou mal ? Personne, sauf vous-même, ne peut vraiment le savoir.


    Et voilà une photo collector : un vêtement technique fabriqué en France. C’est clair, il n’y a pas le logo ‘Nor Farce’ dessus et il a 20 ans! Mais il sert encore…

    Conclusion ?

    La conclusion de premier niveau est assez facile : la production asiatique de crash-pad est, évidemment, tout sauf intelligente du point de vue social et environnemental. Il en va bien sûr de même pour le reste du matos, comme par exemple les chaussons, dont une part de plus en plus grande est fabriquée en Asie. Je suis toujours embêté de voir tant de gens râler et manifester pour la sauvegarde des emplois et du tissu économique local, et financer de tout leur argent les industries responsables (combien de paires de Nike et Adidas dans la dernière manif ? Combien de fringues de fabrication européenne dans vos courses de l’année ?).

    Voila pour la critique et la situation actuelle…

    Le second niveau, là où on se demande ce qu’on peut bien faire, est plus délicat. En effet, pour la plupart des produits qui nous intéressent (ici le crash pad, mais aussi les fringues), les alternatives sont rares ou inexistantes. Essayez donc de vous trouver une chemise en coton bio (rappelons que le coton est une des cultures les plus polluantes) et qui ne soit pas cousue en Asie ! Pour ces produits, il ne reste que la décision mûrement réfléchie, le pesage des autres arguments (PME ou grand groupe ? vente directe ? etc.)., et le compromis…

    Pour d’autres produits, il existe des alternatives (les chaussons en particulier, dont certains restent fabriqués en Europe ou même en France… de moins en moins). C’est quand on a nos sous en main qu’on a toujours le pouvoir de faire un choix, et c’est déjà bien de se poser des questions telles que : Pourquoi ce détaillant plus qu’un autre ? Qui est cette marque, ces gens à qui je vais donner de mon argent ? Le méritent-ils plus que les autres ? Comment ce produit est-il arrivé ici ? Qui a réellement fabriqué ce chausson ? Une jeune couturière chinoise, ou une dame qui pourrait être ma voisine ? Je donne de l’argent à qui, là, des actionnaires, ou un indépendant ? Le prix est-il mon seul critère ? etc…

    Il est toujours possible de téléphoner au fabricant, de poser des questions, de creuser le sujet, de se faire son idée… et evidemment, les solutions parfaites n’existent pas : un chausson fabriqué à la main par un artisan utilisera peut-être une gomme chinoise bien crado…

    C’est à cet instant, quand on est prêts à signer le chèque, qu’on a le plus grand pouvoir de dire ce qu’on pense de tel ou tel fabricant, au sens large. Dans un monde où, malheureusement, l’argent a pris le pas sur beaucoup de moyens d’expression, il est important de prendre conscience du pouvoir de re-distribution que nous avons, chacun de nous.

    Cadeau :

    Il y a évidemment des gens infiniment plus cultivés que moi sur ces sujets, alors je me permets de vous recommander le livre d’Armand Farrachi « Les ennemis de la Terre ».

    Et pour aller plus loin :

    • Le très bon livre de Bernard Marris « Anti-Manuel d’Economie »

    • Le site de Max Havelaar ;

    • L’association Action Consommation ;

    1- Ce n’est pas pour rien que certaines marques asiatiques récemment débarquées sont nettement moins chère que les autres, pour une qualité comparable.

     

     

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    Fontainebleau en vélo

    13 février 2012 - 0 - La Chronique de Rascal

    Texte : Rascal

    La salle, c’est bien, Bleau, c’est mieux…

    Déjà deux mois que, tel notre webmestre favori, vous sillonnez votre ville en vélo, faisant chaque semaine le bilan environnemental, financier, sanitaire et social (la voisine n’a pas encore noté le galbe de vos mollets ?) de l’opération. Bref, vous faites du « développement durable » au quotidien. C’est donc le teint frais et le cœur léger que nous pouvons aborder la deuxième étape : aller à Bleau !Parce que c’est bien joli, la salle, mais c’est comme lire des articles sur l’escalade, c’est quand même pas le cœur de l’activité (en tout cas pour les vieux comme moi). Et il nous faut bien admettre que, s’il n’est pas très compliqué de faire ses 10 Km quotidiens en milieu urbain, ça semble moins évident de mettre en place le même type de logistique pour aller taquiner le grès bleausard.

    C’est sans compter sur tonton Rascal, qui ne va pas vous lâcher comme ça. Je vous propose donc une petite ballade pleine d’oxygène dans une des plus belles forêts de France.La sociologie selon Zebloc

    Pour rester le plus concret possible, étudions deux cas, espérant couvrir ainsi un maximum d’entre nous :

    – le « Parisien » : incluons dans cette catégorie celui qui a pour habitude de faire des séjours à la journée ou à la demi-journée, bref, qui n’habite « pas trop loin » (une unité pifométrique bien connue) de l’endroit.

    – Le « Provincial » : mettons ici ceux qui doivent découcher pour aller goûter le mythique grès. Celui-ci campe, maîtrise le Formule1, a épluché la liste des gîtes, et remonte toujours du Reblochon à ses amis Parisiens afin d’entretenir les bons rapports garants d’un hébergement de qualité.

    Il est évident qu’on frôle de très près la caricature, prix à payer pour que ce soit le plus clair et ludique possible. Mais je vous sais bien trop raffinés pour en prendre ombrage.A l’origine était le Parisien

    Honneur à ceux qui, depuis les noires époques quasi-préhistoriques, ont su apprécier la forêt et ses trésors gréseux. Observons ensemble la méthode employée par un Parisien (appelons-le, Philémon) pour aller s’adonner à son loisir préféré, pour une journée par exemple.

    De bon matin ce dimanche, Philémon a descendu son pad, ses Ninja et sa besace contenant un sandwich au camembert et un thermos de thé, et en charge sa Méjeane Peunault. Pratiquant avec joie l’auto-partage, il passe prendre Aristide vers la Bastille, et hop, cap sur le Cuvier.

    Une heure plus tard, les voici à pied d’œuvre. Après quelques blocs et une pause casse—croûte méritée, Philémon et Aristide remontent dans la Méjeane pour aller faire un tour vers l’Isatis, où ils ont chacun un projet.

    La nuit arrivant, ils remettent le cap sur Paris. Un dimanche soir, il faut s’y attendre, l’A6 est bouchée, ils mettront plus de deux heures à arriver.

    Ah, la joie des journées à la campagne !

     

    Faisons ensemble un rapide bilan tempo-écolo-financier de la journée de Philémon et Aristide. Ils ont parcouru avec la Méjeane de Philémon environ 150 Km, ce qui représente environ :

    – 10 litres d’essence (soit environ 10 euros en diesel, 13 euros en essence)

    – 200 g/km * 150 km = 30 kg de CO2

    – 3 heures assis entre plastique et métal, à écouter Rire et Chansons (vaut mieux ca que les blagues belges d’Aristide…), pour environ 6 heures sur place.

    – 32 euros d’amortissement de voiture

    – un cocktail savoureux d’oxydes d’azote, de dioxyde de soufre, d’oxydes de carbones et diverses autres gâteries…

    – une participation active au trafic parisien qui, aux dernières nouvelles, n’a pas vraiment besoin qu’on l’aide à grandir : l’ADEME précise que les transports sont responsables de 27% des rejets de gaz à effet de serre (35% du CO2), 70% des particules et 40% des oxydes d’azote. On ajoute à ça 80% du bruit (toujours selon l’ADEME).

    Nous en avions déjà parlé, mais un petit rappel ne fait pas de mal : un hectare de forêt fixe environ 1,4 tonnes de CO2 par an. Or, la forêt de Fontainebleau couvre environ 28000 ha, elle fixe par conséquent environ 40000 tonnes de CO2 par an. Ca paraît beaucoup, hein ? Attendez voir…
    40000 tonnes par an, ça nous laisse 110 tonnes par jour, soit ce qu’une voiture émet sur 65 000 km… ou ce que 4300 voitures émettent sur 15 km, la distance moyenne domicile-travail selon l’ADEME. Ce qui ne permet même pas, et de loin, à l’ensemble des Bellifontains d’aller travailler en voiture de manière soutenable.
    Il faudra donc que notre cher Philémon trouve ailleurs le demi hectare nécessaire au traitement du CO2 généré par ses 2 séances mensuelles, la forêt de Fontainebleau étant déjà surchargée par les dépenses locales.

    Philémon a plus d’un tour dans sa besace…

    Notre Philémon, un fan de la première heure de cette chronique, a tout de suite compris où je voulais en venir, c’est donc gaillardement qu’il a pris la résolution de changer sa manière de faire, et qu’il se rend désormais à Bleau suivant le protocole suivant :De bon matin ce dimanche, Philémon a descendu son pad et ses sacoches contenant ses Ninja, un sandwich au Camembert de Normandie AOC et un thermos de chicorée, et le voilà parti sur son vélo vers la gare de Lyon. Il y retrouve Noémie, arrivée avec son vélo de Maisons-Laffitte par le RER A.

    Ils embarquent tout ça dans le train de 8h22 direction la Gare de Fontainbleau (en pestant un peu contre la SNCF qui n’aide pas beaucoup les vélos), où ils arrivent 40 minutes plus tard. Parfois, ils descendent un peu avant, à la gare de Bois-le-Roi.


    Allez hop, on y va, en route pour l’aventure !!

    Pédalant joyeusement, pad sur le dos, par la Route du château, puis Route de la Gorge aux Néfliers, ils arrivent après 40 minutes au Cuvier, sans avoir croisé une voiture.
    Après la pause casse-croûte, ils se disent que l’Isatis, c’est un peu loin, mais qu’Apremont n’est qu’à quelques coups de pédales. Ils y finissent la journée, puis rentrent par la grande descente de Route de la Gorge aux Néfliers.
    A Fontainebleau, ils attendent 40 minutes le train (le temps de prendre une bière), mais rigolent bien en regardant les voitures coincées sur la route du retour.

    Nouveau bilan de la journée à Bleau de Philémon avec cette nouvelle technique. Ignorons les changement d’habitudes alimentaires, que nous discuterons une prochaine fois, et le changement de partenaire, qui ne nous regarde pas :

    – pas d’essence en consommation directe, l’énergie utilisée par le train est estimée à 1/10 de celle utilisée par la voiture ;

    – 1h20 dans le train, dont 30 minutes de sieste, 40 minutes de discussion avec Noémie, et 10 minutes de silence, pendant lesquelles Philémon se demande si Noémie a mis un soutien-gorge aujourd’hui ;

    – 1h20 de vélo sur des routes forestières bitumées, interdites aux voitures, et baptisées de noms charmants ;

    – 12 euros par personne de billets de train (achetés par 10) ;

    Voila pour les arguments « rationnels et mesurables ». On peut constater dès maintenant que, tant sur le plan écologique (réduction drastique des émissions, pollution sonore, etc.) que financier (21 euros par personne en voiture, 12 en train), la technique train + vélo se défend facilement. Y’en a qui me diront qu’aujourd’hui, les trains sont nucléaires, ce qui n’est pas faux, et pose évidemment d’autres problèmes. Ce sont des taquins). Au niveau des temps de transport, les valeurs sont comparables, mais les qualités sont différentes, tension nerveuse et fatigue, en particulier.Il n’y a pas que les chiffres, dans la vie !

    Je me permets d’ajouter quelques autres éléments, plus subjectifs, en faveur de la combinaison train+vélo à Bleau: · vous arrivez sur les blocs avec déjà 30 à 40 minutes d’effort léger et général, ce qui constitue un excellent échauffement général.

     

    • Avec un peu de chance, vous croiserez un faisan, un daim ou un sanglier, ou tout simplement quelques promeneurs qui vous diront spontanément bonjour (alors qu’en Méjeane, vous croisiez parfois un oiseau écrasé, ou un conducteur vous faisant spontanément un doigt)· Vous ne parcourez plus la forêt par ses grands axes, peu logiques, mais découvrez réellement sa géographie (et sa réelle beauté !). Vous vous émerveillez ainsi de découvrir que vous n’êtes pas obligés de traverser tout Barbizon pour aller du Cuvier à Apremont !· Vous pouvez désormais de bonne guerre maudire le bruit de la route qu’on entend de la forêt, puisque vous n’y avez pas contribué.
    • Philémon a proposé à Noémie de regarder au passage s’il n’y aurait pas quelques châtaignes à griller pour ce soir. Il en a profité pour lui déclarer sa flamme sous un chêne centenaire, ce qui est plus la classe que le parking de la barrière de péage.

     

    Noémie, elle est jolie !

    A propos de Philémon, il envie beaucoup ses amis qui habitent proche de la forêt (l’un à Fontainebleau même, l’autre à Melun), et qui eux, peuvent directement prendre le vélo pour aller grimper. L’un d’eux (Jack, il s’appelle), qui se rend 4 fois par semaine en forêt, a ainsi calculé qu’il économise 500 euros par an avec son vélo, malheureusement sans que sa technique de pied se soit améliorée…

    Puis vinrent les Provinciaux…

    Les Parisiens, c’est bien, mais il ne faudrait pas qu’il y en ait que pour eux. Etudions donc un exemple de provincial que j’ai là sous la main : moi. Si vous faites partie de ceux qui se sont bidonnés avec Julien Lepers le 21 novembre dernier, vous n’ignorez plus, hormis le fait que je suis lent à la détente (ah, fallait appuyer ?), que ma tanière se situe en Savoie. Et fort en géographie comme vous l’êtes, vous en concluez que près de 700 km me séparent du Bas-Cuvier. Comment diable vais-je m’y prendre ? Le suspense est à son comble. Dans mon cas particulier, le camp de base se trouve à Fontainebleau même, mais vous êtes grands, vous saurez adapter à votre des cas particulier. Admettons que je souhaite passer un week-end à Bleau, voici la procédure :

    Quelques semaines avant mon séjour, je surfe sur le site Internet de la SNCF en chasse des promos et réserve aussi une place pour le vélo, en préférant le train de nuit (avec couchette), histoire de ne pas perdre une journée. Pour un simple week-end, je ne prends que le pad et deux sacoches, j’ai une remorque pour les séjours plus longs.
    Arrivé de bonne heure à Austerlitz le samedi matin, je pédale jusqu’à la Gare de Lyon, de l’autre côté de la Seine, où je retrouve… Philémon, avec qui je reprends la technique typiquement parisienne susmentionnée. Le temps de passer à mon squatt du week-end avec les croissants, et nous voila partis pour la journée.

    Le dimanche, comme le train du retour ne part que tard, j’ai toute la journée pour grimper, avant de retourner manger une pizza à Paris avec Philémon. Après une nuit dans le train, j’arrive tôt et peux partir travailler avec deux jours complets de grimpe dans les doigts.

    Je ne vais pas vous faire l’injure de vous refaire un bilan écologique comparatif avec la version automobile du trip (deux fois 600 km en Clito Peunault), vous avez compris que c’est forcément positif. Regardons juste l’aspect financier et temporel :

    • en voiture, je conduis 14 heures en deux jours. En train, j’ai fait deux nuits de 7 heures.
    • Avec un peu de chance, le billet de train A/R (couchette + vélo) me coûte 100 euros. Le voyage en voiture (essence + autoroute) me coûte environ 180 euros, sans même compter l’usure de la voiture (environ 200 euros)
    • En train, j’ai eu deux journées complètes sur place. En voiture, je dois repartir en milieu d’après-midi, ou bien rouler toute la nuit (bonjour la sécurité et le plaisir) pour être rentré le lundi matin.

    Ce n’est PAS la bonne technique !!

    Merci à www.cyclos-cyclotes.org

    Et alors finalement ?

    Vous l’aurez donc compris, que l’on soit Parisien ou Provincial, pas mal d’arguments pèsent en faveur de l’option Vélo + Train, qui se justifie entièrement pour aller faire un tour à Bleau.

    Evidemment, cela ne marche pas pour 100% de la population (le réseau de train est ce qu’il est…), ni pour 100% du temps (février est plus austère qu’Avril), mais la question est-elle vraiment là ?

    Chacun fait son choix, je me permets juste d’ajouter ceci : avant d’écrire cette chronique, je ne l’avais jamais fait « en vrai ». Par honnêteté, je me suis dit que tout de même, il fallait essayer, j’ai donc passé une semaine entière à Bleau sans voiture, exactement comme je vous l’ai décrit. Je m’attendais tout de même à galérer un peu, à devoir me raccrocher à mes convictions pour trouver toute la motivation nécessaire… Même pas !!! Je n’avais même pas espéré tant de plaisir et de facilité, avec quelques moments de pur bonheur, à pédaler tout seul dans les arbres sous le soleil du matin.

    Réalisé sans trucage

    Je vous connais, raleux du fond, vous allez dire que je ne suis pas objectif, que je dis ça pour vous convertir… C’est surestimer mon ambition ! Figurez-vous que j’ai la chance d’avoir trouvé un truc pour démultiplier mon plaisir lorsque je viens à Bleau, ce qui est déjà bien. Tout au plus tente-je de vous en informer, en ajoutant que c’est bon également pour l’environnement et le portefeuille.Après, vous êtes grands, et vous faites comme vous voulez !!

    En pratique, t out est-il rose au Pays des Merveilles ?

    Pour être complètement honnête, je me dois tout de même de mentionner quelques aspects qui, sans être forcément négatifs, peuvent être des freins. Je rajoute dans la liste quelques petits conseils pratiques :

    • si vous êtes du genre à faire trois sites dans la journée, ça finit par faire beaucoup de vélo ! De là, vous avez deux options :

    o soit vous restez un incorrigible zappeur, et avez tellement tout fait dans tous les sites qu’il vous faut effectivement vos trois secteurs par jour. Je dois alors vous avertir que vous aurez rapidement épuisé la forêt. Mais ce n’est pas grave, vous pourrez encore vous occuper en m’écrivant sur le forum que je dis des conneries, la voiture, c’est indispensable à Bleau, et d’ailleurs, pourquoi on se ferait chier alors que les américains, ils prennent l’avion pour aller grimper, hein…

    o soit vous finissez par vous dire qu’on n’est pas si pressés, et qu’il y a assez à grimper dans la plupart des secteurs pour s’occuper une journée entière, et que le dernier bloc à la mode à l’autre bout de la forêt, il attendra la prochaine fois…

    • la SNCF n’est pas ce qu’on fait de plus avant-gardiste en matière de transport de vélo (hormis les aventures classiques de grèves, retards, etc.) Impossible, par exemple, de réserver une place vélo par internet, et il n’y a guère que sur la brochure publicitaire qu’une jeune fille en tailleur charge un vélo avec le sourire. Dites-vous que ce n’est qu’un moment désagréable à passer (surtout le passage souterrain), et vous pouvez toujours m’écrire pour que je vous donne quelques trucs.

    · Tous les secteurs ne sont pas également faciles d’accès. De Fontainebleau même, il vous faut 30 à 40 minutes pour accéder à l’ensemble des secteurs Cuvier / Apremont / Franchard. C’est moins pour les secteurs les plus proches (Saint Germain, Mont Ussy, Mont Aigu, etc.). Le plus long est l’accès aux Trois Pignons. Je n’ai jamais essayé les secteurs du sud (Elephant, Dame Jouanne, etc.), merci si vous avez des infos.

    · Méfiez-vous des « routes » qui ne sont que de vagues chemins sableux (préférez celles en jaune sur la carte IGN), et respectez la réglementation appliquée aux cyclistes dans la forêt. D’une manière générale, le vélo est autorisé sur les voies de plus de 2,5 m de large. Beaucoup de marches d’approche s’en trouvent fort réduites, mais ne roulez pas hors des chemins (endommagement de la flore, érosion, etc.)) ; Les faux inconvénients ?

    Voici quelques remarques qu’on m’a déjà faites, et ce que j’en pense…

    v « Avec le pad, ça fait prise au vent, on n’avance pas » : la personne qui émet cet avis n’a, en général, jamais essayé… Ou alors tenté de maintenir le 50 de moyenne. Perso, après plus de 400 km le pad sur le dos, je n’ai jamais été perturbé. On va à Bleau, on ne fait pas le Tour de France (ce qui permet de conserver l’intégralité de ses testicules).

    v « On va se faire voler le vélo » : C’est le même problème qu’en ville, sauf qu’en plus, les voleurs, à Bleau, se concentrent sur les parkings. Dès que vous rentrez un peu dans la forêt, que vous trouvez un arbre et que vous avez un antivol digne de ce nom, le risque n’existe quasi plus…

    v « On arrive épuisés aux blocs, on ne peut plus grimper » : rien ne vous oblige à bourriner. On fait du vélo « transport », pas le tour de France. Les temps que je vous donne, indicatifs, sont des temps « promenade ». Vous arrivez au contraire juste chaud sur les blocs !

    v « il n’y a jamais de trains aux bonnes heures » : A priori, il y en a au moins un toutes les heures, de 6hà 22h. Je n’ai jamais rencontré de problème de ce côté. Certains trains s’arrêtent même au milieu de la forêt le dimanche. Je n’ai jamais expérimenté.

    v « plus moyen de faire (comme Jerry Moffat dans The Real Thing) des ronds en dérapant sur le sable en bagnole » : c’est vrai, mais rassurez-vous, c’est aussi très joli en vélo, et vous pouvez imiter de façon saisissante le bruit d’un V8 avec la bouche.

     

    Pour aller plus loin…

    – Munissez-vous de l’excellente carte IGN au 25000 de la forêt, et privilégiez les routes notées en jaune.

    – L’office de Tourisme de Fontainebleau (près du château) publie une carte avec 3 itinéraires VTC dans la forêt. Attention, certaines portions sont très sableuses !

    – Pour les conseils vélo + train, les deux sites incontournables sontwww.fubicy.org/train et www.velo.sncf.com. L’un est plus objectif que l’autre !

    – Nos amis suisses sont beaucoup plus avancés que nous en la matière. Allez donc faire un tour avec votre vélo à Cresciano (gare de Cresciano ou Osogna), ou encore dans le Jura Bâlois. Les topos fournissent toujours les accès en vélo ou avec les transports en commun, et les trains sont particulièrement adaptés (www.cff.ch). Le réseau est très dense (http://mct.sbb.ch/mct/fr/veloselbstverlad-uebersichtskarte.pdf)

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    Fontainebleau en vélo

    13 février 2012 - 0 - Divers

    La salle, c’est bien, Bleau, c’est mieux…

    Déjà deux mois que, tel notre webmestre favori, vous sillonnez votre ville en vélo, faisant chaque semaine le bilan environnemental, financier, sanitaire et social (la voisine n’a pas encore noté le galbe de vos mollets ?) de l’opération. Bref, vous faites du « développement durable » au quotidien. C’est donc le teint frais et le cœur léger que nous pouvons aborder la deuxième étape : aller à Bleau !

    Parce que c’est bien joli, la salle, mais c’est comme lire des articles sur l’escalade, c’est quand même pas le cœur de l’activité (en tout cas pour les vieux comme moi). Et il nous faut bien admettre que, s’il n’est pas très compliqué de faire ses 10 Km quotidiens en milieu urbain, ça semble moins évident de mettre en place le même type de logistique pour aller taquiner le grès bleausard.

    C’est sans compter sur tonton Rascal, qui ne va pas vous lâcher comme ça. Je vous propose donc une petite ballade pleine d’oxygène dans une des plus belles forêts de France.

    La sociologie selon Zebloc

    Pour rester le plus concret possible, étudions deux cas, espérant couvrir ainsi un maximum d’entre nous :

    – le « Parisien » : incluons dans cette catégorie celui qui a pour habitude de faire des séjours à la journée ou à la demi-journée, bref, qui n’habite « pas trop loin » (une unité pifométrique bien connue) de l’endroit.

    – Le « Provincial » : mettons ici ceux qui doivent découcher pour aller goûter le mythique grès. Celui-ci campe, maîtrise le Formule1, a épluché la liste des gîtes, et remonte toujours du Reblochon à ses amis Parisiens afin d’entretenir les bons rapports garants d’un hébergement de qualité.

    Il est évident qu’on frôle de très près la caricature, prix à payer pour que ce soit le plus clair et ludique possible. Mais je vous sais bien trop raffinés pour en prendre ombrage.

    A l’origine était le Parisien

    Honneur à ceux qui, depuis les noires époques quasi-préhistoriques, ont su apprécier la forêt et ses trésors gréseux. Observons ensemble la méthode employée par un Parisien (appelons-le, Philémon) pour aller s’adonner à son loisir préféré, pour une journée par exemple.

    De bon matin ce dimanche, Philémon a descendu son pad, ses Ninja et sa besace contenant un sandwich au camembert et un thermos de thé, et en charge sa Méjeane Peunault. Pratiquant avec joie l’auto-partage, il passe prendre Aristide vers la Bastille, et hop, cap sur le Cuvier.

    Une heure plus tard, les voici à pied d’œuvre. Après quelques blocs et une pause casse—croûte méritée, Philémon et Aristide remontent dans la Méjeane pour aller faire un tour vers l’Isatis, où ils ont chacun un projet.

    La nuit arrivant, ils remettent le cap sur Paris. Un dimanche soir, il faut s’y attendre, l’A6 est bouchée, ils mettront plus de deux heures à arriver.

    Ah, la joie des journées à la campagne !

    Ah, la joie des journées à la campagne !

    Faisons ensemble un rapide bilan tempo-écolo-financier de la journée de Philémon et Aristide. Ils ont parcouru avec la Méjeane de Philémon environ 150 Km, ce qui représente environ :

    • 10 litres d’essence (soit environ 10 euros en diesel, 13 euros en essence)
    • 200 g/km * 150 km = 30 kg de CO2
    • 3 heures assis entre plastique et métal, à écouter Rire et Chansons (vaut mieux ca que les blagues belges d’Aristide…), pour environ 6 heures sur place.
    • 32 euros d’amortissement de voiture
    • un cocktail savoureux d’oxydes d’azote, de dioxyde de soufre, d’oxydes de carbones et diverses autres gâteries…
    • une participation active au trafic parisien qui, aux dernières nouvelles, n’a pas vraiment besoin qu’on l’aide à grandir : l’ADEME précise que les transports sont responsables de 27% des rejets de gaz à effet de serre (35% du CO2), 70% des particules et 40% des oxydes d’azote. On ajoute à ça 80% du bruit (toujours selon l’ADEME).

    Nous en avions déjà parlé, mais un petit rappel ne fait pas de mal : un hectare de forêt fixe environ 1,4 tonnes de CO2 par an. Or, la forêt de Fontainebleau couvre environ 28000 ha, elle fixe par conséquent environ 40000 tonnes de CO2 par an. Ca paraît beaucoup, hein ? Attendez voir…
    40000 tonnes par an, ça nous laisse 110 tonnes par jour, soit ce qu’une voiture émet sur 65 000 km… ou ce que 4300 voitures émettent sur 15 km, la distance moyenne domicile-travail selon l’ADEME. Ce qui ne permet même pas, et de loin, à l’ensemble des Bellifontains d’aller travailler en voiture de manière soutenable.
    Il faudra donc que notre cher Philémon trouve ailleurs le demi hectare nécessaire au traitement du CO2 généré par ses 2 séances mensuelles, la forêt de Fontainebleau étant déjà surchargée par les dépenses locales.

    Philémon a plus d’un tour dans sa besace…

    Notre Philémon, un fan de la première heure de cette chronique, a tout de suite compris où je voulais en venir, c’est donc gaillardement qu’il a pris la résolution de changer sa manière de faire, et qu’il se rend désormais à Bleau suivant le protocole suivant :

    De bon matin ce dimanche, Philémon a descendu son pad et ses sacoches contenant ses Ninja, un sandwich au Camembert de Normandie AOC et un thermos de chicorée, et le voilà parti sur son vélo vers la gare de Lyon. Il y retrouve Noémie, arrivée avec son vélo de Maisons-Laffitte par le RER A.

    Ils embarquent tout ça dans le train de 8h22 direction la Gare de Fontainbleau (en pestant un peu contre la SNCF qui n’aide pas beaucoup les vélos), où ils arrivent 40 minutes plus tard. Parfois, ils descendent un peu avant, à la gare de Bois-le-Roi.

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    Les Mags Gratuits?

    13 février 2012 - 0 - La Chronique de Rascal

    Je sentais déjà comme une démangeaison, mais depuis qu’est apparu le premier magazine gratuit de grimpe, ça me gratte franchement. Le débat sur la presse gratuite n’est pas nouveau, je ne vais pourtant pas me gêner pour en rajouter une couche. Car figurez-vous que j’ai quelques problème avec la gratuité…. Je m’explique.

    C’est cadeau !

    Mis en face de cet objet que l’on m’offre gracieusement, la première question que je me pose est la suivante : « Mais qui donc a payé pour ce joli cadeau ? ».
    Je suis comme ça, j’aime bien savoir qui me fait des cadeaux, et je trouve vite l’affaire louche quand il n’est pas écrit dessus « pour Rascal, de la part de Maryse qui t’aime fort ».
    Or, un « gratuit » est financé à 100% par ses recettes publicitaires (pour les « payants », c’est variable…). Alors certes, en cherchant bien, je peux faire le compte des annonceurs et des pages de pub qu’ils ont payé, pour finalement savoir qui a payé pour l’objet que j’ai en main. Mais reconnaissez que c’est assez fastidieux.
    Mon esprit simplet trouverait cela nettement plus clair et immédiat si, au lieu d’afficher un « gratuit » ou « 0 € », l’objet arborait un « offert par Cordes S.A., Mousquif, Yoga Wear et Pijo ».
    Vous allez me dire, bandes de raleurs, qu’alors ce n’est plus pareil, on ne voit déjà plus un « magazine gratuit », mais déjà une « plaquette publicitaire », du genre « Quel Punch, le bœuf ! », offert par le Syndicat des Coupeurs d’Entrecôte.
    Quelle pertinence… Vous savez que vous êtes brillants ? Sisisi, raleurs, mais brillants.

    Mais pourquoi moi ?

    C’est que vous m’amenez directement à la deuxième question. « Pourquoi ces gens que je ne connais pas me font-ils un cadeau, et en plus sans dire ouvertement que c’est eux ? ».
    La première idée qui me vient à l’esprit est, bien entendu, que ces gens partagent avec moi un amour immodéré de la varappe, des belles images et des articles bien écrits, de la belle pensée verticale et que, généreux mécènes anonymes, ils souhaitent que tout ce monde grimpant se réjouisse et communique autour d’un bel objet. Alléluia…
    Mais que voulez-vous, je vois tout en noir, et ne voila-t-il pas que je me mets à imaginer qu’ils pourraient y avoir un intérêt.
    Voyez quel ingrat je suis ? Que ces gens me feraient un cadeau dans le but de me faire lire des trucs pouvant m’amener à penser, ou agir, peut-être même acheter (diable, j’y vais fort !) sans toute l’objectivité requise… Je vous l’accorde, c’est pousser le bouchon un peu loin… Non, décidément, seule la première hypothèse semble réaliste, le monde ne fonctionne pas si mal…

    Je n’avais pas trop d’idées, tu as déjà tout…

    Du coup, j’ose à peine aborder la troisième question que je me pose : « qu’est-ce qu’il y a donc dans ce joli paquet ? ». Pour élucider ce point, je vais me glisser dans la peau du gars qui a préparé le cadeau pour tous les heureux grimpeurs gâtés par ce Père Noël d’un nouveau genre. Notons d’abord qu’il est important de faire un joli paquet. Qui voudrait, en effet, d’un cadeau enveloppé de PQ ? Dois-je investir dans du papier recyclé, des encres naturelles,comme un certain fabricant de fringues (qui agit plus qu’il ne parle,lui), il est vrai plus chères à qualité égale ? Bof, tant que le papier brille, ça passera bien sans…
    Bon, j’ai l’emballage, que mettre dedans ? C’est qu’il ne faut choquer personne, tout en étant cool et branché, car si demain, le fabricant de 4*4 Glande Mover décide aussi de participer au cadeau (ils le font bien dans les mags américains), il ne faudrait pas l’effaroucher. D’accord, on va parler de grimpe, mais encore ? Tiens, on va dire qu’il faut protéger l’environnement (valeurs positives, consensuelles, c’est bon, ça, coco), que c’est pas bien d’utiliser trop de magnésie (mais un peu, OK… Mais trop, non, c’est trop), donner des itinéraires en bagnole de 1000 km (le train, c’est ni cool, ni branché), on va dire que c’est vilain de jeter ses mégots, et aussi que le 4*4, il ne faut s’en servir que pour faire Paris Dakar… Et puis quelques métaphores automobiles du genre « grimper dans les tours » , ça ne peut pas gâcher, tiens…
    Voila, c’est pas mal, juste un tout petit peu plus militant que TF1 (la preuve vivante qu’on peut être financé par des bétonneurs et des marchands d’armes, tout en mettant Nicolas Hulot en façade), et suivant qui voudra se joindre au cadeau, on pourra ajuster le contenu, on est plutôt arrangeants. Il n’y a plus qu’à espérer que quelqu’un sera intéressé pour acheter un peu de temps de cerveau disponible.
    Devons nous insister sur la qualité des articles et des photos ? Faire preuve d’esprit critique, d’un fort engagement « militant » ? encourager la réflexion du lecteur ? Oui, oui, bien sûr… Mais bon, il ne va pas nous emmerder, le lecteur, hein, déjà qu’il ne paye rien… Et puis, qui a dit qu’on avait besoin d’être lus ? Les généreux donateurs payent, nous, on fabrique le cadeau, et hop, on livre. Lu ou pas lu, le boulot est fait, le « lecteur » a entre les mains ce qu’on voulait lui y mettre…

    Pourquoi tant de haine ?

    Mais, charmant lecteur (et peut-être -trice), je te vois perplexe : que viennent donc faire ces réflexions à la limite de l’aigreur dans une chronique se voulant eco-citoyenne ? Et bien d’abord, comme nous venons de le voir, cet objet apparemment sympathique et anodin, est en réalité, sur le fond, une plaquette publicitaire avec un peu d’enrobage, ce qui l’est nettement moins (sympathique et anodin). Et brillants comme vous l’êtes, vous n’ignorez pas que la publicité, ses objectifs, ses moyens et ses modèles, ce n’est pas ce qu’on fait de plus éco-citoyen (les livres sur le sujet ne manquent pas, pour ceux qui veulent approfondir, en particulier l’excellent Le temps de l’Anti Pub , de Sébastien Darsy, ed. Actes Sud)(voila-t-y pas que je fais de la pub pour un livre sur l’Antipub… voyez à quelles extrémités j’en arrive…).

    Mais encore, sans trop entrer dans les détails techniques et économiques, un monde où l’utilisateur final d’un objet ne supporte aucun coût lié à sa fabrication est un monde où les valeurs sont faussées,ce qui induit quelques problèmes. J’explique…

    Si je considère une chose rare, précieuse ou difficile à réaliser, elle coûtera normalement très cher et la personne qui voudra l’acquérir va certainement bien faire attention à en avoir une réelle utilité. A l’inverse, les choses gratuites (en tous cas pour l’utilisateur final, car les choses « sans coût » n’existent pas) incitent à des comportement de gaspillages. On prend «au cas où », on prend juste parce que c’est une bonne affaire, parce que c’est pas cher… Les coûts de fabrication, les nuisances diverses dans la chaîne de fabrication de l’objet (matières premières, transport, valeur intellectuelle, etc.), tout cela est absent, transparent pour le « consommateur » final.
    Et là, ça me pose nettement problème. Autant que les jeans Made in China à 6 euros , l’essence à prix misérable (aïe, pas taper), les vols à bas coûts le service des poubelles à prix constant, bref, autant que tous ces trucs pour lesquelles la valeur réelle en terme d’utilisation de ressources (écologique, intellectuelle, etc.) est remplacée par une valeur financière dérisoire et en complet décalage..
    Avec un magazine gratuit, et plus généralement, un objet ou un service gratuit, dans un système comme le nôtre où l’argent est le seul moyen de mesurer et reporter les impacts liés à cet objet ou ce service sur celui qui, en fin de compte, les génère, nous touchons à l’absolu en matière de non éco-citoyenneté, aux confins de la déresponsabilisation du « consommateur ». Nous avions déjà parlé une fois du très médiatique « principe pollueur-payeur ». Nous en avons là un parfait contre exemple.

    Le truc ZeBloc.

    Allez, je ne vais pas finir sur ces notes plutôt négatives, je m’en vais vous donner un truc constructif et tout à fait citoyen. Est-il vraiment utile de se dire que, pour ne pas encourager ce système publicitaire d’autant plus pervers qu’il avance masqué, le mieux serait de ne pas toucher aux « gratuits », magasines ou autres cadeaux-bonus ? Seulement, comme nous l’avons vu plus haut, notre influence de lecteur est fort faible, du simple fait de la gratuité de la chose.
    Il est pourtant, parmi toutes les nuisances induites par la publication d’un magazine gratuit (transport, création de déchets inutiles, etc.), deux sur lesquelles nous pouvons agir rapidement et directement : la réduction à la source des déchets, et l’optimisation du recyclage.
    Voici comment procéder : La prochaine fois que vous prendrez un exemplaire de votre « gratuit », lisez-le bien attentivement, et sélectionnez ce qui vous paraît intéressant. Vous coupez tout le reste, le glissez dans une grande enveloppe que vous renvoyez à l’éditeur. Si le cœur vous en dit, ajoutez quelques pubs trouvées dans votre boîte à lettres. Tout le monde y gagne ! L’éditeur pourra ainsi organiser efficacement le recyclage (soyons optimistes, mais faites lui tout de même une petite lettre pour lui expliquer votre démarche), tout en sachant exactement ce qu’il ne faut pas remettre dans la prochaine édition, réduisant radicalement les déchets à la source(1) . Et vous, vous aurez eu exactement le cadeau qui vous plaisait ! Tous ces gens qui travaillent ensemble, c’est pas joli ? Evidemment, si tout le monde lui renvoie les pubs, le dilemme sera important… Que voulez-vous, on ne peut pas demander à un système absurde de générer des situations simples ! Ou comment découvrir que le vélo fait surtout du bien à la tête.

    1- Evidemment, si tout le monde lui renvoie les pubs, le dilemme sera important… Que voulez-vous, on ne peut pas demander à un système absurde de générer des situations simples !

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    Comment se rendre en salle?

    13 février 2012 - 0 - La Chronique de Rascal

    La rentrée

    Et voila la rentrée, le moment où même nous, les grands, on a comme des réminiscences de ces instants délicats où, dans la cour, on découvrait que cette année, on tombe avec « la mère Faye », celle qu’a toujours un chignon et un tailleur en laine, ça va pas rigoler tous les jours…

    Mais pour nous les bloqueurs, Septembre, c’est aussi le moment où on va reprendre le chemin de la salle. Et là, je vous le dis tout de suite, l’occasion est grandiose de prendre une grande décision, une « résolution », dirions-nous si c’était la saison de la dinde aux marrons.

    Suivez bien, j’explique…

    On nous a suffisamment bassinés depuis quelques années avec le développement urbain de la grimpe, drainant un nouveau public orienté « fitness », arrivant au vestiaire après le bureau, et tout et tout. Il faut bien admettre qu’une salle, c’est bien souvent situé en ville, ou au moins en zone périurbaine. Et qui dit ville, dit transports urbains, bouchons sur le périph’, pollution à l’ozone, pare-chocs collés et doigts levés, mais encore transports en commun, mobilité « douce », et tutti quanti. Qu’on le veuille ou non, tout lieu public génère des déplacements (on y va, on en repart), et à notre époque, le déplacement, c’est tout sauf anodin.

    La science amusante avec Zebloc

    On ne va pas faire dans les chiffres, trop souvent abstraits. Pour bien saisir la dimension de la chose, je vous propose une petite expérience. Il suffit, un jour où vous vous trouvez dans un bouchon, on encore en ville à l’heure de pointe, de vous accorder 1 minute d’humanité, avec le mode opératoire suivant.

    Au besoin, sortez de votre voiture, et fermez les yeux (faites gaffe quand même si vous êtes sur la rocade !). Humez, écoutez, percevez bien ce qui vous entoure. Après quelques secondes, ouvrez les yeux, et regardez attentivement, observez les voitures serrées, les surfaces bitumées et construites. Considérez attentivement les gens assis dans leur voiture, derrière leur carreaux, tentez de percevoir leur état d’esprit (joie de vivre débordante, bien être serein, etc.). Respirez tout ça avec tout votre corps, percevez la place sonore, odorante, visuelle que prend la voiture dans notre monde, et dites-vous bien que chacun d’entre nous qui tourne une clé de contact est un rouage actif de cette grosse machine.

    Et maintenant… Est-ce beau ? Est-ce sain pour les enfants et les autres ? Est-ce agréable ? Est-ce un monde humain dans lequel il est bon de vivre ? Non, rien de tout ça… Pour être rapide et concis, c’est moche, ça fait du bruit et ça pue. On est loin de la « ville à vivre », on penche plus vers « Blade Runner » que vers « Fanny ».

    Photo embouteillage

    Tout le monde est d’accord !

    Saluons au passage l’à-propos d’une célèbre chaîne d’entretien automobile publiant il y a peu une brochure « environnement » dans laquelle on trouvait la merveille suivante :

    Conseil : Remplacez votre filtre d'habitacle tous les 25 000 à 30 000 Km

    C’est vrai que si ça pue dehors, autant laisser ça aux piétons…

    Heureusement pour nous, le génie humain, qui est grand, a produit depuis longtemps une solution fort efficace à ces inconvénients. Sisisisisi… Et pour mieux saisir toute l’intelligence de la chose, examinons un cas concret.

    La Pijo du webmaster

    Notre webmestre adoré est l’heureux possesseur d’une voiture de marque Pijo qu’il utilise 2 à 3 fois par semaine pour se rendre (et revenir) de son travail à sa salle préférée, en périphérie de Toulouse. Cela fait environ 9 km par séance (aller-retour), soit en moyenne 90 km par mois. Cette fois, quelques chiffres pour faire le bilan (les sources des données sont fournies en fin d’article) de ce qu’il se passe:

    • Environ 6 l d’essence par mois (soit environ 6 € en diesel, 9€ en essence)
    • Environ 200 g/km * 90 km = 18 kg de CO2
    • Environ 2h30 par mois assis entre plastique et métal à écouter Skyrock (pire cas…)
    • Environ 19 € d’usure de voiture par mois.
    • Quantité non définie de polluants divers (oxydes d’azote, précurseurs de la pollution à l’ozone, dont le joli NO2 tout jaune qui flotte au dessus des villes, oxydes soufrés, mis en cause dans le cycle des pluies acides, dérivés benzéniques, etc.).
    • 2h30 d’un moteur qui tourne, c’est 2h30 de bruit pour tous les gens à côté desquelles on passe.

    Négligeons là-dedans le fait que le moteur froid de la Pijo consomme et pollue de 2 à 3 fois plus qu’à chaud. Négligeons également l’ensemble des impacts liés à la chaîne complète (approvisionnement en carburant au Moyen-Orient, énergie « grise » utilisée pour fabriquer la Pijo, etc.), estimés en général à un bonus de 45% sur la consommation en carburant.

    Par « quantité non définie », j’entends que les quantités varient beaucoup suivant l’âge du véhicule et ses réglages. Les estimations mondiales sont de l’ordre des centaines de milliers de tonnes par an.

    Rupture technologique

    Admettons maintenant que notre webmestre favori décide d’acquérir un des objets les plus performants inventés par l’homme, une perle de technologie et d’intelligence : une bicyclette.

    vieux vélo

    Credit Photo : Fubicy

    A Toulouse, ville étudiante, il en trouvera une fort correcte à partir de 100€ (quoique j’y avais acheté un modèle plus aventureux pour 50 Francs), et pourra la laisser au bureau, la réservant exclusivement à ses séances de bloc. Allez, pour 150€, on lui met un casque, une pompe et un antivol. Voyons voir ce que ça donne :

    • Essence = 0 litre (soit 0€ de diesel et 0€ en essence). Tout au plus va-t-il augmenter sa consommation de céréales le matin…
    • Environ 450g de CO2, qu’il aurait aussi émis en bagnole, on ne va pas se mettre en apnée, tout de même…
    • Environ 3 heures de trajet : en ville et périphérie, il a été montré que le vélo est régulièrement aussi rapide (parfois plus) que la voiture, et surtout indépendant des aléas de trafic. Mais 3 heures sans Skyrock, les cheveux au vent, avec les genoux qui font la machine à coudre, et un léger effort que recommande tout bon bouquin d’entraînement avant et après une séance.
    • Environ 5€ de coût d’usure, si on lui offre régulièrement des pneus neufs et un peu d’huile. L’achat est amorti en huit mois (variable suivant les hypothèses).
    • Bruit et odeur : bilan quasi nul, sauf s’il décide de chanter un vieux cantique de Cauterets (c’est rare), ou s’il a mangé un bon cassoulet la veille (c’est moins rare).

    Un petit mot pour les histoires de CO2, car ça ne parle pas beaucoup, ces « 450g » ou « 18 kg ». On admet en général qu’un hectare de forêt absorbe (on dit « fixe » pour faire savant) environ 1.4 tonnes de CO2 par an. Notre Webmaster en produisant, pour aller à la salle en Pijo, plus de 200 kg par an, il lui faut, s’il veut être « soutenable », avoir dans son jardin, 0.14 hectares de forêt, soit 1400 m². Hors, je connais son jardin, et il n’y a pas dedans 1400 m² de bois. Notre bon Webmaster doit donc, pour être « soutenable » dans sa pratique du bloc, espérer que quelqu’un dans le monde veut bien lui prêter 1400 m² de bois pour lui pomper le CO2.

    Notons au passage pour les curieux que vous êtes que le même petit calcul généralisé à l’ensemble de la population équipée de voiture montre que… on est déjà en surcapacité. En clair : la Terre n’est déjà plus capable de gérer l’ensemble des nuisances liées à l’utilisation des voitures existantes. Et on ne compte pas l’augmentation constante du nombre de véhicules…

    Et alors ?

    Vous serez d’accord avec moi que, même si mes hypothèses sont peu précises, il ne semble pas y avoir d’argument rationnel (j’entends « mesurable ») au fait que notre cher Webmaster investisse dans un vélo. Mais voilà, l’homme (la femme aussi, mais je suis moins spécialiste) est ainsi fait que tout n’est pas rationnel (faut voir qu’on se ferait bien chier, aussi…).

    Listons donc quelques arguments « contre » que les raleux du fond (toujours les mêmes…) exposent régulièrement, en gardant bien à l’esprit cette citation de Mike Horn, que j’écris de mémoire : « on arrive facilement à trouver les choses impossibles quand on n’a pas vraiment envie ».

    1) « Quand il pleut, ca mouille » ou « quand il fait froid, c’est froid ».

    C’est imparable, d’une logique à la fois limpide et puissante. Je dois bien me rabattre sur un « et alors ? » qui me convainc peu. Mais d’abord, il ne fait pas TOUJOURS froid et/ou mouillé. Même si on ne pédale qu’une fois sur deux, ça fait toujours 50% en moins, c’est pas mal, toujours ça de gagné quand on regarde les ambitieux objectifs du protocole de Kyoto (-8% en 2012 !).

    Je vous épargne l’argument Météo France : il pleut en moyenne 6% du temps en France. Ce serait vil…

    Ensuite, on est parfois mouillé (et encore, un joli ciré jaune, ça aide bien…Comme on dit (si, on le dit !) : « il n’y a pas de mauvaises conditions, seulement de mauvais équipements ! »), mais est-ce bien grave ?

    La nature est-elle à ce point hostile, sommes-nous si désadaptés que cette situation devient intolérable ? Je vous le dis, on apprécie autrement la douche chaude ! Certes, tout le monde n’a pas la chance d’avoir une douche au bureau pour le retour. Mais vous avez bien compris qu’on ne parle pas ici de « tout le monde, tout le temps », mais de gens intelligents et responsables sachant tirer le meilleur parti d’un contexte particulier (diantre, le niveau est relevé, ici !!).

    Regroupement de cyclistes

    2) « c’est fatiguant de faire du vélo » :

    je ne vous ferai pas l’injure de vous sortir les consommations énergétiques relatives d’une séance de bloc et d’un trajet à vélo, ni de vous donner l’avis de ma grand-mère (cycliste depuis bien plus longtemps que nous) mais venant de gens allant « au sport », ça fait doucement marrer ! Et pourquoi pas un escalier roulant pour aller à l’étage ?

    Salle de fitness

    Et encore une fois, c’est bon pour l’échauffement et la récup, ça laisse donc plus de temps pour faire de la vraie grimpe.

    3) « C’est dangereux » :

    je me permets ici de reproduire un tableau fourni par la FUBicy (liens en fin d’article) :

    Les cyclistes représentent environ
    4% des déplacements, 4% des blessés graves, et 3% des tués.

    Gravité des blessuresVoituresVélosPiétonsMotos & cyclomoteurs
    Faible à moyenne93%92%84%87,5%
    Forte7%8%16%13%
    Tués1,3%0,4%2,3%1.5%
    Crâne24%17%26%11%

    Credit : Fubicy
    Source : ONISR 2004. Données téléchargeables sur le site officiel de la Sécurité Routière, rubrique Dossiers de presse, mars 2005.

    Quand on sait que depuis son invention, l’automobile a tué environ 40 millions de personnes (soit 4 fois plus que la première guerre mondiale, et autant que la deuxième), on relativise.

    4) « On se fait voler son vélo »

    C’est malheureusement parfois vrai, mais en grande partie parce que tout le monde se désintéresse de la question, les cyclistes les premiers. Selon la FUBicy, 90% des victimes de vol n’avaient pas d’antivol solide. Les 10% restants… n’avaient pas d’antivol du tout ! Avec un bon U, un point fixe et un endroit visible, on résout en grande partie le problème.

    Le mieux serait encore que les responsables de salles s’engagent également : mise en place d’arceaux ( certaines agglomérations, comme Chambéry Métropole, les fournissent gratuitement à qui veut bien se donner la peine de les installer), et pourquoi pas, faire payer à ceux qui viennent en voiture une petite contribution pour un garage à vélo, ou un local fermé. Ca s’appelle pollueur-payeur, c’est très à la mode !

    Un vélo

    Credit Photo : Fubicy

    5) « Si je troque ma voiture contre un vélo, la taille de mon pénis va diminuer ».

    Et bien les données scientifiques manquent, mais vu le sourire des garçons et filles à vélo (comparez aux conducteurs automobiles), on peut raisonnablement penser qu’il n’en est rien. Vous pourrez également vous rassurer en jetant des coups d’œil discrets lorsque vous prendrez la douche chaude susmentionnée. Et si ça n’y fait rien, vous pourrez toujours compenser en changeant de téléphone portable…

    Conclusion

    Je vais m’arrêter là, ami bloqueur. En fin de compte, et heureusement, le choix sera toujours le tien. Bien sûr ce n’est pas possible pour tout le monde, évidemment, c’est pas toujours facile, mais peut-être que ça vaut le coup d’y réfléchir. Le monde ne sera jamais rien d’autre que ce que nous en faisons, petit à petit, chaque jour, avec nos petits actes quotidiens. Et même si beaucoup de gens poussent dans le même sens, c’est pas une raison pour faire le même choix.

    Epilogue : il l’a fait !!

    Quand on vous dit que chez Zebloc, c’est du journalisme sans trucage ! Notre Webmestre préféré a effectivement investi dans un vélo de qualité (plus cher, mais il s’en sert aussi pour aller bosser), et se rend désormais souvent à la salle sans brûler de gasoil.

    Il a même remarqué une superbe piste cyclable lui permettant de réduire de moitié la distance !!

    Pour aller plus loin :

    – l’ADEME propose sur son site www.ademe.fr divers calculateurs permettant d’évaluer les pollutions et coûts des voitures (rubrique « transports »)

    – LE site de référence pour la pratique urbaine du vélo www.fubicy.org. Des études, des conseils pratiques. Tout juste parfait !

    – Plus énervé, plus engagé, le site des Vélorutionnaires parisiens : www.velorution.org

    – Les données concernant la fixation du CO2 proviennent de Notre empreinte écologique, (M. Wackernagel et W.Rees, ed. Ecosociété).

    – Enfin, plein de poésie et d’humour, le Petit traité de vélosophie (Didier Tronchet, ed. Omnibus, environ 10€), dans toutes les bonnes librairies. Ou comment découvrir que le vélo fait surtout du bien à la tête.

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    Du bon usage de la magnésie

    13 février 2012 - 1 - La Chronique de Rascal

    En cette période de retours de vacances, et avant d’attaquer à la rentrée les sujets qui fâchent, quelques réflexions légères sur la magnésie et la pollution.

    Photo regardsurbleau.info

    Lorsqu’on parle d’environnement, on aborde souvent le sujet par l’autre bout, c’est à dire en parlant de pollution. Pour faire court, protéger l’environnement, ce serait combattre, ou du moins limiter la (ou les) pollution.

    Mais de quoi parle-t-on exactement ? Sans tomber dans un débat dialectique obscur, prenons le Petit Robert et ouvrons-le (aïe…).
    On y apprend que la pollution, outre un événement nocturne impromptu, désigne une « souillure contribuant à la dégradation d’un milieu vivant ».
    Notre esprit aiguisé retiendra donc qu’un truc qui pollue, c’est un truc qui fait dire « c’était mieux avant ». On voit le problème…

    Trouver quelque chose « mieux » ou « moins bien », c’est surtout une affaire de point de vue, le genre d’affaire ou il n’est pas toujours facile de regarder autre chose que son nombril.

    Pour illustrer, prenons un exemple. Malgré mes 14 séances, je n’arrive toujours pas à choper la rogntudju de réglette cachée du bloc 24 bleu. Je me trace donc un joli trait de magnésie bien dans l’axe afin de compenser mon problème de visualisation. Et hop, j’enchaîne, chouette chouette, on passe au 25…

    Observons maintenant le bloc : il y a maintenant quelque chose (le trait de magnésie) qu’il n’y avait pas avant.
    Est-ce mieux ? Un point de vue pourrait être de dire « ben ouais, avant, on voyait pas la prise, et maintenant on la voit ». J’entends bien, lecteur taquin, mais il y a un problème potentiel. Et ce problème, sans être Jacques Brel, s’appelle « le suivant », ou même « la suivante ».
    Les demoiselles m’excuseront, je continue au masculin. Figurez-vous qu’il existe une possibilité non nulle que ce suivant, qui viendra on ne sait quand, lui, il n’ait pas de problème de visualisation, qu’il aime chercher les prises, qu’il aimer lire un problème, faire de la visualisation, bref, qu’il ne fasse pas comme vous.
    Sauf que là, il y a le trait. Alors ce suivant, il n’a pas le choix, il doit faire comme moi, j’ai choisi pour lui. Et il y a de fortes chances pour que ce suivant, il se dise « rogntudju, un quidam a mis des traits, c’était mieux avant ».
    Et voilà… Je suis un pollueur.

    Photo regardsurbleau.info

    Notez bien que pour en arriver à cette conclusion, je n’ai eu nul besoin de me pencher sur la chimie du carbonate de magnésium, ou la théorie des réactions acido-basiques sur le grès en milieu aqueux. Du simple fait qu’il existe dans le futur une possibilité que la trace que j’ai laissée soit jugée comme « moins bien », me voilà pollueur. Et finalement, c’est valable pour toute magnésie qu’on laisse.

    J’entends d’ici les raleux du fond : « on va quand même pas grimper sans cake ». Que nenni, raleux adoré, mais de la modération. Plutôt qu’un tout-ou-rien, je préconise 10 secondes de finesses après un bloc (de brute), 10 secondes pour se mettre à la place d’un suivant qui se demanderait ce qui a changé.

    Alors un petit coup de brosse, ça arrange tout de même bien les choses…

    C’est pas encore clair ? Figurez-vous que moi, ce que j’adore, c’est uriner au pied des blocs que j’ai enchaîné… Sisisi, ça marque le territoire…
    Je plaisante, évidemment… Mais l’analogie n’est point audacieuse, pisseur et non-nettoyeur, même combat.

    Notez bien qu’on ne parle pas ici de ceux qui tracent les traits, mais de ceux qui les laissent. La nuance est de taille !

    Alors… BROSSEZ !!!!

    Voilà voilà… je vous laisse à ces réflexions. On se retrouve à la rentrée, moi, faut que j’aille plier le bloc 25. N’oubliez pas les 10 secondes de réflexions avant le départ !

    Méga Bonus : Le conseil pratique ZeBloc : j’ai vu un jour un gars qui se promenait avec une boulette (jusque là, rien d’exceptionnel, mais attendez la suite) de pâte collante, vous savez, ce truc pour les posters. Il avait aussi un coton tige. Pour les mains cachées, il mettait une petite boulette dans l’axe. Pour les pieds cachés, il collait son coton-tige avec la pâte juste au dessus de la prise. Il va sans dire qu’il récupérait le tout après… Comme quoi, y’en a qu’on pas le cerveau dans les bras.

    Un grand merci à Rascal pour le texte et à Manu de Regard sur Bleau pour les photos.

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